Publicité
Critique et Galerie de photos

La série Béliveau à Historia : Un jeu de puissance, non sans quelques punitions

La série Béliveau à Historia : Un jeu de puissance, non sans quelques punitions

La série biographique brosse le portrait - on ne peut plus optimiste - de Jean Béliveau, considéré comme l'un des plus grands joueurs de hockey de son époque.

La série a bénéficié d'un budget impressionnant de 1 million $ par épisode. Il faut dire que l'argent investi transparaît dans l'acuité de la reconstitution historique, qui impressionne tant au niveau de ses décors et costumes qu'avec ses nombreuses images et vidéos d'archives. Le téléspectateur a l'impression de revivre le Québec des années 50. Le cinéma a fait quelques recompositions particulièrement justes de cette époque, mais la télévision n'avait jamais (ou presque) reproduit cette période historique avec autant de finesse.

Les amateurs de hockey - et particulièrement ceux qui ont suivi religieusement la carrière de Jean Béliveau - seront charmés par ce drame biographique empreint de réalisme.

En plus d'une direction artistique adroite, on peut également remercier les nombreux effets visuels, qui y sont aussi pour quelque chose dans l'esthétique harmonieuse de la série. Malgré tout, on ressent quand même un manque dans les séquences sur la glace alors que les gradins ont été assombris afin de cacher l'assistance et ainsi éviter de payer des figurants. Certains seront peut-être moins agacés par ce détail que je l'ai personnellement été, mais mon regard ne pouvait se détourner de ces bancs vides et de cette ambiance fantasmagorique sur la patinoire.

Les quinze ou vingt premières minutes de la série sont particulièrement difficiles à suivre, notamment en raison d'une chronologie alambiquée. On commence en 2017, puis on se transporte dans les années 1940, puis en 1970, ce qui a tôt fait de donner des maux de tête aux téléspectateurs qui cherchent des repères. Il faudra que l'histoire retourne jusqu'au début de la carrière de Béliveau au sein des Citadelles pour que le tout prenne son élan et désembrouille le téléspectateur. Mentionnons aussi que l'utilisation d'une voix hors champ (celle de la femme de Béliveau) agace. On comprend qu'elle a pour fonction d'aider le spectateur à se dépatouiller dans la chronologie et apporter un regard plus objectif des évènements, mais celle-ci brise le rythme et irrite.

Si Jean Béliveau est décrit comme un être exceptionnel (cela en est presque dérangeant; un homme peut-il être à ce point sans faille?), Maurice Richard est dépeint comme le gros méchant loup. Peut-être apporte-t-on davantage de nuances aux personnages dans les épisodes suivant, mais lors des deux premiers opus, le Rocket est représenté comme un être violent, colérique, incompréhensif et craint de tous.

Malgré ces petites lacunes, Béliveau nous garde en haleine, et ce, même si on connaît déjà le dénouement de l'intrigue. Découvrir ce personnage riche, important dans la culture québécoise, est un plaisir dont on ne devrait pas se priver pour quelques imperfections techniques.

Même si la ressemblance physique n'est pas frappante (voir l'image ci-dessous), Pierre-Yves Cardinal brosse un portrait convaincant de celui qu'on appelait le « Gros Bill ».

Bruno Marcil interprète, pour sa part, un Maurice Richard sévère. Le comédien disparaît rapidement derrière la légende; une chose des plus appréciables. Patrice Bélanger se débrouille aussi plutôt bien dans le rôle d'un Bernard Geoffrion jovial et émotif, tout comme Madeleine Péloquin, touchante et attachante sous les traits d'Élise Béliveau, la femme du « Gros Bill ».

Les amateurs de hockey - et particulièrement ceux qui ont suivi religieusement la carrière de Jean Béliveau - seront charmés par ce drame biographique empreint de réalisme. Les moins friands de notre sport national sauront aussi y trouver leur compte grâce à des interprétations senties et une reconstitution historique stupéfiante. Historia ne déçoit pas avec cette première fiction originale.