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Entrevue : Une confession de Normand Brathwaite fait boule de neige

« Vous attendiez-vous à une si grande vague d'amour? », demandions-nous à Normand Brathwaite, après lui avoir offert nos condoléances les plus sincères face à sa récente perte.

« Pas du tout », nous disait-il, dans le cadre d'un entretien sympathique dans sa loge de Belle et Bum, avant de nous offrir un mot du cœur. S'il s'est d'abord vu réticent d'en parler, il a semblé voir l'opportunité de sensibiliser la population à cette réelle abnégation qu'est le rôle de proche aidant.

« C'est personnel, je ne voulais pas en parler. Je trouve que ma mère n'a pas d'affaires dans ce métier-là. Ma femme est productrice, elle n'a pas d'affaires à ce qu'on parle d'elle... Elle est très humble. Le bénévolat, la générosité et la gentillesse, ça doit être fait dans l'anonymat. » Sauf qu'il a fini par en parler. Il nous explique pourquoi, un tantinet pince-sans-rire, mais visiblement ému. « [...] j'ai Claudette Dion qui fait une toune qui parle des proches aidants et on est live. Et moi j'ai un grand défaut. Il me manque une vis dans mon filtre, entre mon cerveau et ma bouche, il manque une couche. Mais là, je me suis retrouvé dans une situation où je suis live à la tv. Moi-même, je l'ai dit... Et je ne sais pas pourquoi je l'ai dit, encore. Ça a juste sorti. Parce que je pense, fondamentalement, j'ai vu ma femme faire, les gens ne peuvent pas s'imaginer les heures de travail que ça demande. »

« Ma mère est décédée il y a trois semaines, je ne voulais pas en parler, mais ce soir je trouve que c'est le bon moment. Je n'ai rien fait, je travaillais trop, c'est ma femme, la merveilleuse Marie-Claude Tétreault, qui était proche aidante. J'aimerais qu'on donne une bonne main d'applaudissement à Marie-Claude et toutes les proches aidantes », disait-il dans son segment télévisuel sur le plateau de l'émission de Véronique Cloutier.

Il raconte ce qu'était le quotidien de Marie-Claude, ces derniers mois. « Ma mère à 8 h tous les matins à l'hôpital, toute la journée. Rencontre les médecins. Là, ma mère meurt. Rencontre le salon funéraire, règle les papiers, parle à la famille, il y en a qui veulent de l'argent, y'en a qui veulent tout. C'est un travail, ça demande une générosité, un amour incroyable. Moi j'adore mon épouse, mais je ne pensais pas qu'il y avait un mot de plus [fort] qu'adorer. Ça ne se peut pas, faire ça. »

Même pour ma mère, je ne sais pas si j'aurais eu le courage [d'être proche aidant].

C'est aussi pour tous ceux qui n'ont pas ses moyens qu'il est bouleversé. « On parle beaucoup de ça maintenant, et l'aide à mourir et tout ça. Et ça m'a fait réaliser que c'est un métier qui devrait être rémunéré, parce que... Moi, je suis riche, ma femme l'est aussi. Mais le monde qui n’a pas d'argent, comment ils font? Et ils le font pareil. Moi, au pire, ma femme est épuisée, moi j'y allais et si moi je ne peux pas y aller, j'engage quelqu'un ou peu importe... On peut tu, câl**s, comme société, rémunérer les gens qui travaillent comme proches aidants, les gens qui travaillent dans les CLSC? »

Là, dans ce cas-là, j'en ai parlé à la télévision, parce que ça m'a touché. Et je ne sais pas, je sentais ma mère qui disait "Hey, parles-y dont de Marie-Claude, c'est elle qui a tout fait, toi t'as rien fait, t'as travaillé, tu travailles trop". Alors c'est pour ça que je l'ai fait.

« Je ne veux pas capitaliser là-dessus, mais en même temps, s’il y avait une campagne qui partait, pour qu'on ait, pas un dédommagement, parce que les gens font ça par amour, mais une loi qui permette aux proches aidants de faire de quoi [un minimum de revenu], tsé. C'est surhumain, faire ça comme job. »

« Et là, ma femme s'ennuie. Elle fait du bénévolat, parce que là, elle a tout cet amour à donner. Moi, je voudrais qu'elle s'occupe de moi », conclut-il à la blague, admiratif face à celle avec qui il partage sa vie.