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Dopesick : Une nouvelle série alarmante sur la crise des opioïdes

Michael Keaton dans Dopesick.

La minisérie Dopesick nous ramène à la fin des années 1990 et au début des années 2000, lors des tout premiers balbutiements de la crise des opioïdes, au moment où la société Purdue Pharma a introduit sur le marché l’OxyContin, un opioïde analgésique qui devait soi-disant révolutionner le traitement de la douleur.

La série dirigée par Danny Strong (Empire) est basée sur le livre du même nom de l’autrice et journaliste américaine Beth Macy, sorti en 2018, qui dressait un portrait alarmant de ce fléau.

Le récit est raconté de façon non-linéaire, effectuant constamment des allers-retours afin de nous exposer les faits à partir des points de vue d’un médecin d’une petite ville minière, d’une patiente dont la vie sera vite chamboulée par l’OxyContin, d’une équipe de procureurs cherchant à démontrer comment Purdue Pharma, avec l’aval de la Food and Drug Administration (FDA), a pu mentir à la population sur l’efficacité et les risques réels de développer une dépendance au médicament, et d’une agente de la DEA s’étant déjà cassé les dents sur l’affaire.

La principale préoccupation de Dopesick demeure la pression exercée sur les travailleurs de la santé par les représentants des compagnies pharmaceutiques pour pousser leurs produits, dans une dynamique où les chiffres de vente et les profits passent bien avant la santé et le bien-être des patients.

Le cœur du problème, c’est que les médecins, tout comme la FDA et les consommateurs, doivent prendre aveuglément les affirmations de ces corporations et de leurs alliés pour des faits et des vérités.

Le Dr Finnix (interprété avec cœur, bienveillance et vulnérabilité par Michael Keaton) est un médecin compétent et près de ses concitoyens. Ce dernier verra d’abord les effets positifs du médicament sur ses patients, mais ne pourra prédire la suite catastrophique des événements sur les petites communautés rurales et minières, qui ont littéralement été utilisées comme cobayes pour la mise en marché de l’OxyContin.

Dopesick est évidemment une production dont le but premier est de faire réagir, de choquer et d’indigner le téléspectateur. Et la série de Danny Strong ne fait certainement pas dans la dentelle pour parvenir à ses fins.

Il n’y a absolument rien de subtil ici, que ce soit au niveau de l’écriture, du développement des personnages ou de la mise en scène. Un détail qui peut d’ailleurs devenir agaçant au fil des épisodes, alors que le traitement quelque peu manichéen de Strong et son équipe frôle parfois la caricature.

Ceci étant dit, Dopesick a néanmoins le mérite de dresser un portrait réfléchi, justement dérangeant et inévitablement cynique d’une situation qui ne pouvait effectivement que déraper extrêmement rapidement.

La remarquable série Chernobyl s’interrogeait à savoir qu’elle était le coût des mensonges. Dopesick emprunte sensiblement la même voie pour se pencher sur cet important problème de société, qui va bien au-delà de celui des opioïdes.

Abordant ce fléau telle une épidémie (la prescription du premier flacon d’OxyContin étant filmée comme la naissance d’un virus), le temps est certainement bien choisi pour emprunter une telle avenue, favorisant la réflexion du public par l’entremise d’une situation avec laquelle il peut - bien malgré lui - dresser plusieurs parallèles.

Dopesick sera diffusée au Canada sur Disney+ à compter du vendredi 12 novembre.