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Critique

Cheval-Serpent : De beaux corps et de belles idées

Après le milieu carcéral, l'auteure Danielle Trottier s'attaque à un autre univers méconnu du commun des mortels, celui des bars de danseurs nus. Évidemment, ce monde suscite la curiosité et engendre la convoitise. Implanter une saga familiale et politique au coeur de celui-ci était une idée brillante de la scénariste d'Unité 9.

Au cours des derniers mois, les journalistes ont beaucoup parlé de la nudité intégrale des acteurs et actrices de la production et des scènes plus libidineuses qui attendaient le téléspectateur de Cheval-Serpent. Sans surprise, il s'agissait de l'élément qui attirait d'emblée l'attention du public et qui générait le plus de réactions. Mais, comme nous l'avait précisé l'auteure en entrevue plus tôt ce mois-ci, la nudité et la sexualité ne sont pas les éléments principaux de cette série, qui exploite des thématiques brûlantes et actuelles comme l'homoparentalité, l'adultère ou l'alcoolisme.

Bien sûr, il y a des danses érotiques et de beaux corps, mais
Cheval-Serpent
ne perd pas de vue sa ligne narrative au profit d'une sensualité forcée.

Bien sûr, il y a des danses érotiques et de beaux corps, mais Cheval-Serpent ne perd pas de vue sa ligne narrative au profit d'une sensualité forcée. Le nombre de séquences plus lubriques est satisfaisant. On ne retrouve pas de nudité gratuite dans Cheval-Serpent, ou presque... Une scène impliquant Francisco Randez dans la douche lors du troisième épisode nous laisse perplexes, mais son esthétique réussie et le fait que nous n'avions jamais regardé le chroniqueur de Sucré salé avec ces yeux-là nous fait pardonner facilement la « stérilité » de l'exercice.

Les performances des comédiens sont toutes plutôt convaincantes. Guillaume Lemay-Thivierge intrigue dans le rôle de ce fougueux propriétaire de bar, Sophie Prégent et Élise Guilbault forment un couple inspirant, Catherine St-Laurent se démarque sous les traits d'une jeune adulte révoltée contre l'autorité parentale et Daniel Parent, froid et droit, fait un bon maire de Montréal. Une scène plutôt marquante et intense mettant en scène ce dernier désarçonne d'ailleurs le téléspectateur dès le premier épisode. L'auteure d'Unité 9 nous a habitués à des revirements de situations étonnants et il semble que nous ne serons pas en reste avec sa nouvelle proposition.

Alexandre Landry, qui a joué dans le film Gabrielle en 2013, surprend également dans le rôle de la nouvelle recrue du club. Landry impressionne autant par ses talents de danseur que d'acteur. Mentionnons que nous n'avons toujours pas vu le chanteur Claude Bégin à l'oeuvre puisqu'il n'apparaît pas dans les trois premiers épisodes offerts à la presse.

Le réalisateur Sylvain Archambault sait transmettre la bonne émotion à travers l'oeil vigilant de sa caméra. L'image est rigide et sévère dans les séquences dramatiques et plus effrontée et lascive dans les scènes de bar. L'entrechoquement entre l'honorabilité du monde de Laurent Saint-Pierre, le maire de la ville, et celui plus vicieux de David Gauthier se ressent jusque dans la réalisation. Cheval-Serpent démontre constamment les deux côtés d'une même médaille et on apprécie cette mise à nu, qu'elle soit physique ou intellectuelle.

Il ne faut pas attendre bien longtemps avant d'être attaché aux personnages et convaincu de la proposition. L'auteure arrive à nous appâter dès le deuxième épisode. Comme la série sera disponible dès le 28 juin prochain sur l'EXTRA d'ICI Tou.tv, on peut s'imaginer que le visionnement en rafale sera très populaire en cette saison morte au petit écran. En ce qui nous concerne, on vous la conseille fortement et on attend impatiemment la suite!