Nous avons rarement vu une série documentaire aussi confrontante, pertinente et bouleversante qu'Au coeur de la DPJ, qui sera diffusée sur les ondes d'ICI RDI à compter de ce lundi 25 janvier à 20 h et 20 h 30. Un visionnement plus que nécessaire pour comprendre la situation au Québec.
Après des années de démarches auprès de la DPJ, la productrice Mélanie Campeau (Bébéatrice), inspirée par sa soeur qui oeuvre depuis 17 ans à la DPJ, a décidé de produire cette docusérie qui nous fait entrer dans le quotidien de ces intervenantes, parce que ce sont presque toutes des femmes, qui oeuvrent corps et âme pour le bien des enfants dans notre société. Elle a ensuite fait appel aux productrices France Beaudoin et Isabelle Vaillancourt, de même qu'au réalisateur Jean-François Fontaine pour mettre à l'écran, en images, cette réalité bien difficile. Le résultat, très dur, ne peut convenir à tous.
Votre sensibilité sera inévitablement heurtée en découvrant les cas qui nous sont présentés dans ces dix épisodes percutants. Plusieurs intervenantes et familles ont laissé entrer la caméra, sobre, respectueuse et discrète, dans leur quotidien malmené. Il est assez surprenant de constater que ces parents, impuissants, inaptes et souvent hostiles, aient accepté de se faire filmer ainsi. Vous serez confrontés par l'attitude de plusieurs, en les voyant malmener et insulter les intervenantes qui viennent bouleverser leur vie imparfaite pour le bien des enfants. Peu de gens accepteraient de faire même une seule journée dans leurs souliers. Pour les besoins de la cause, la production a volontairement brouillé les pistes, pour ne pas que l'on puisse reconnaître un enfant, un parent, ni même un lieu.
Les images sont souvent choquantes. Des maisons insalubres, des enfants laissés à eux-mêmes, sous-éduqués, des parents qui mentent de manière éhontée. Voilà le quotidien de ces femmes, invisibles jusque-là, et qui ont pourtant fait mauvaise presse dans les dernières années, notamment après les tristes décès des fillettes de Granby et Laval. « Malheureusement, ces femmes-là sont les mal-aimées de notre réseau de sécurité sociale. Parce qu'on ne les voit jamais. Enfin, on va voir leur travail au quotidien », a indiqué le producteur au contenu, Yves Thériault, aux journalistes en rencontre de presse. Sachez que chaque intervenante peut hériter en moyenne de 20 cas comme ceux-là, même plus selon la demande. Après avoir vu le premier épisode, vous comprendrez que c'est BEAUCOUP! En plus, la pandémie n'a pas aidé en ce sens et la plupart des bureaux de la DPJ au Québec sont ensevelis et en manque criant de personnel.
L'idée n'est pas ici de redorer le blason de la DPJ, mais plutôt de remettre les pendules à l'heure, sans tabou ni censure. On montre l'humain, avant de montrer l'institution. ICI RDI proposera également, après chaque épisode à partir de la deuxième semaine, une émission spéciale de 24-60 dans laquelle Anne-Marie Dussault abordera avec des spécialistes les éléments soulevés dans les épisodes. Régine Laurent, nommée pour présider la Commission spéciale sur les droits des enfants et la protection de la jeunesse, créée dans la foulée de la mort tragique de la fillette de 9 ans à Granby, prendra part au mouvement dans une spéciale de 60 minutes, dans le but de faire avancer les choses. Parce que c'est bien le but ultime de tous ici, faire avancer les choses pour que nos enfants, notre plus grande richesse, soient protégés. C'est vraiment à voir!