Le cinéaste et comédien Robin Aubert partage aujourd'hui sur les réseaux sociaux un texte poignant sur le personnel essentiel en temps de crise, en rendant hommage à sa soeur, qui est intervenante en loisirs auprès des personnes âgées.
Il faut savoir que ces gens, comme Sarah, la soeur de Robin Aubert, sont essentiels pour notamment aider à rassurer les personnes vivant dans les CHSLD et les centres de soins de longue durée. Leur changer les idées s'avère crucial dans le contexte dramatique dans lequel nous nous trouvons.
Robin Aubert souligne avec verve le courage de sa soeur et, par le fait même, de tous ceux qui font comme elle.
Il écrit : « En ces temps de crise, y’en a pour qui leurs héros ce sont Hulk, Netflix ou Les Chefs. Moi, c’est ma sœur Sarah.
Mère monoparentale, guerrière des temps modernes. À tous les jours elle se rend à la résidence pour aînés où elle travaille. Elle va porter le petit Matéo à la garderie de l’hôpital, le stress dans le cœur qu’ils attrapent quelque chose. À tous les jours, elle fait 35 km pour se rendre au boulot et le même kilométrage pour revenir à la maison. Son métier, intervenante en loisirs. Qu’est-ce que ça veut dire ? Ça veut dire que c’est elle qui s’occupe d’organiser des activités aux résidents pour ne pas qu’ils s’emmerdent, pour tuer l’ennui lorsque les jours sont mornes et sans soleil.
J’ai eu la chance de la voir à l’œuvre lorsque mon grand-père était vivant et que je passais lui rendre visite au foyer. Elle était là, les bras dans les airs, en train chanter des chansons, de bricoler, de se bercer au coin d’une fenêtre. Je la voyais rire avec eux, les nommer par leurs p’tits noms, se lançant des « insides » qu’eux seuls pouvaient comprendre. Je voyais des yeux brillants, l’étincelle de jeunesse qui revient dans l’oeil du vieillard lorsqu’on lui demande comment c’était avant.
Nourrir et torcher un vieux, c’est important, mais le stimuler aussi. Lui rappeler qu’il était jadis quelqu’un. Pompier, infirmière, arpenteuse, géographe. Que les fondations de ce pays ne se sont pas faites seul. Que la dignité parfois se rapproche de notre devise. »
Il poursuit : « Dans les fêtes de familles, on me bombarde souvent de questions sur mon métier, sur le projet que je suis en train de faire, comment ils sont untel ou unetelle dans la vie. C’est un peu normal quand on fait un métier comme le mien. Si on ne s’informe pas autant du travail de ma soeur, c’est tout simplement parce qu’on le prend pour acquis. Il n’y a rien de flamboyant à faire de la gouache avec une vieille qui a perdu la mémoire.
Plus maintenant. Plus maintenant, ma sœur. J’ai plusieurs pensées pour toi et tes collègues et les bénévoles qui ont décidé de vous prêter main forte. Je t’admire, je t’aime, pis criss que le rosé va être bon quand on se reverra un jour. »
Voyez son message complet ci-dessous, accompagné d'une photo de sa soeur.
Nous envoyons tout plein d'amour et d'encouragement au courageux personnel de soins aux aînés qui continue d'oeuvrer avec coeur dans des conditions peu évidentes.