Dès ce week-end, vous pouvez aller découvrir dans les salles de cinéma du Québec le magnifique film Ru, inspiré de l'oeuvre à succès éponyme de Kim Thúy.
Dans cet opus bouleversant, le parcours de l'autrice est évoqué, de son Vietnam natal, balayé par la guerre et le communisme, jusqu'à son arrivée au Québec, son pays d'adoption. Ru, le film, est une oeuvre aussi poétique qu'inspirante, qui présente le destin d'une famille résiliente et déterminée. Nous avons eu le bonheur d'en discuter avec l'autrice Kim Thúy, qui se montre très émue du résultat.
Jacques Davidts signe le scénario du film, mis en images par Charles-Olivier Michaud. Le duo a pratiquement réussi l'impossible avec ce projet, soit d'arriver à un tout cohérent à l'écran, alors que l'oeuvre littéraire originale est faite de petits textes courts, sorte de saynètes de la vie qui passe. Kim Thúy explique ne pas avoir voulu toucher au scénario : « Je ne sais pas comment on fait un film. Je ne saurais même pas comment on écrit un scénario. Quand on écrit un scénario, je crois qu'on imagine déjà le film. Je ne serais pas capable. Et comment choisir aussi, ce qui est faisable à l'écran? »
Ce faisant, la sympathique autrice découvre le film avec les yeux d'une spectatrice, même si c'est son histoire et qu'elle fut très présente auprès de l'équipe du film pour répondre à toutes les questions. Elle avait déjà révélé à Tout le monde en parle avoir subi une crise de narcolepsie pendant la première médiatique de Ru, parce que l'émotion était trop grande pour elle. Nous pouvons la comprendre, tant l'histoire est bouleversante.
Je ne savais pas que j'avais cette douleur à l'intérieur de moi. Mais quand on retourne en arrière comme ça, c'est surtout le miracle qui étonne. On s'en rend compte, comment c'était miraculeux qu'on ait été sauvé.
Celle-ci a bien voulu nous parler de la scène qui l'émeut le plus dans le film, et la réponse pourrait vous surprendre.
« C'est drôle, mais c'est une scène de beauté. Ça n'a rien à voir avec une scène dure », explique-t-elle d'emblée. « Les scènes dures, ce sont des moments où tu es en mode survie. Tu n'as pas le temps pour les émotions. Quand on est en train de vivre l'extrême, on est juste dans la réalité du monde. On réagit. C'est seulement dans la beauté qu'on peut se déposer. Là, on a le droit aux émotions. »
Elle poursuit : « C'est toujours cette scène qui vient me chercher. C'est deux rangées d'arbres. La voiture remplie, avec deux matelas sur le dessus, roule au milieu de la neige. Les pneus frappent un nid de poule. Ça, ça vient tellement me chercher, parce qu'on est arrivé dans un pays où les seules secousses peuvent provenir de nids de poule. C'est tout. Imagine quand le défi dans la vie, c'est juste les nids de poule! »
D'ailleurs, l'autrice explique la joie de vivre qui l'habite, et qu'elle nous communique si bien depuis des années, ainsi : « Comme ceux qui ont vécu un événement grave, une maladie, une perte, après ça on regarde la vie différemment. Tu ne regardes pas la vie de la même manière. »
Moi, tout ce que je vis après le camp de concentration, c'est du bonus. Je n'étais pas supposée avoir tout ça.
Elle ajoute, amusée : « C'est comme si ça fait 40 ans que je fais le party tous les jours. Autant de richesse, ça n'a aucun sens. L'image que je donnerais c'est : parce que j'ai manqué d'eau, aujourd'hui, il suffit que j'ouvre le robinet et que l'eau coule pour que je sois dans le bonheur. »
Ru est présenté dans de nombreuses salles de cinéma du Québec dès ce vendredi 24 novembre. C'est à voir!