Claudette Dion interprète avec brio les dernières notes de « Noël c’est l’amour » et verse discrètement une larme. C’est suite à cette scène émouvante, pendant la conférence de presse du spectacle Noël une tradition en chansons, que nous avons eu la chance de nous entretenir avec la femme de 74 ans, qui partira très bientôt en tournée avec cinq autres artistes de talent.
Claudette Dion veut être rassurante à propos de Céline, mais...
Les sorties dans les médias de Claudette, qui abordait librement l'état de santé de sa soeur, ont soulevé la critique. Elle s’exprime sur son inconfort et sa tristesse face aux manières des médias.
Je comprends la vague d’amour. Moi, en autant que ça rassure les gens… Je lui ai parlé. Je veux qu’elle soit rassurée de tout ça. J’invente pas d’affaires. Mais ce qu’ils en font, c’est différent. Pourquoi ils vont là ? Pourquoi ils disent qu’elle est en fauteuil roulant ? Pourquoi ils disent qu’elle a été atteinte d’un cancer ? Pourquoi vous inventez ? C’est pas ça. Quand ça fausse la donne, ça m’empêche moi d’être précise et d’être généreuse, parce que j’ai peur de ce qu’ils vont en faire de cette nouvelle-là. Ça rend inconfortable.
Ce qui est difficile pour Claudette, c’est de constater la contradiction des médias et surtout, l’invention.
« Même les photos, on le sait maintenant qu’ils sont capables de changer quelqu’un. Ce qui est le fun, c’est de connaître la vérité. On a de beaux messages d’amour, on essaie autant que possible qu’elle les reçoive. Parce que je sais que moralement, mentalement, elle est forte. Elle n’est pas déprimée du tout, au contraire, elle a vraiment la joie de vivre, « on va s’en sortir, j’écoute tout ce qu’ils me demandent et je vais le faire à la lettre, parce que je veux revenir, ça, c’est sûr ». Mais n'inventez pas d’histoire pour faire de la peine. J’aurais le droit de leur dire [aux journalistes] " j’ai pas envie d’en parler". Je veux être rassurante, mais pas inventive. Je ne le sais pas [comment elle va]. Je sais qu’elle est allée à Denver une couple de fois parce qu’il y a de grands chercheurs et je me croise les doigts. Et c’est tout ce qu’on peut faire. Lui dire à quel point on l’aime et on lui souhaite la meilleure des chances. »
Comme nous aimons beaucoup Céline, nous étions heureux d’apprendre qu’elle garde espoir, malgré son état de santé.
Un retour sur scène comme un cadeau
Si chanter Noël était déjà important aux yeux de Claudette lorsque La Famille Dion se produisait en concert dans les années 1990, la douce nostalgie du temps des fêtes semble encore plus sacrée depuis le départ de Maman Dion.
Noël, c’est la voix de ma mère, ça vient me chercher, que j’en parle ou que je le chante, ça vient me chercher quand même. Parce que je ne pense pas qu’on guérisse un jour. Ça atténue la douleur, de chanter, mais on n’en guérit pas. Ça t’habite. C’est pas douloureux. C’est émotif, mais pas douloureux. Parce que tout ce qu’on a reçu, ça nous habite. (En référence à l’amour et à la bienveillance)
« Apprendre tous ces textes-là, se présenter sur scène et que le public soit au rendez-vous, si c’est pas ça le cadeau de la vie, je sais pas ce que c’est ! […] De voir des grandes interprètes qui m’entourent et qui sont contentes que je sois là et qu’on ait chacun nos couleurs, c’est ça qui fait que notre Noël va être WOW. Ça chante ! Mais chanter ses émotions, de s’approprier une chanson avec ce qui t’habite, avec ce que tu as reçu, tu peux la transformer, tu peux l’offrir à ta façon. Moi, je pense que c’est ça, un cadeau qu’on se fait, un cadeau qu’on va pouvoir partager avec les gens. Parce que l’émotion, c’est gratuit, le bonheur, c’est contagieux et je pense que c’est ça qu’on va offrir aux gens sur scène. C’est un cadeau qu’ils vont nous faire, quand tu aimes chanter et que la salle est pleine, c’est Noël avant le temps. »
Au retour de la tournée, elle compte bien louer un chalet en famille pour profiter du bon temps et continuer de faire vivre les traditions familiales apprises de sa propre enfance.
En forme et en demande
Bien qu’elle se soit éloignée du micro, le temps de prendre soin de sa mère, elle travaille toujours fort, dans l’ombre. Surtout avec son poste de directrice générale de la fondation Maman Dion, qui vient en aide aux enfants de familles démunies pour la rentrée scolaire et avec son rôle de porte-parole des soins palliatifs Adhémar-Dion.
Je suis tellement en forme, ma fille ! C’est vrai. Et mentalement aussi. J’apprends mes chansons par cœur. […] Même si je ne suis pas sur scène, je suis en demande. Et ce que je suis capable de donner, c’est ce que j’ai reçu.
Son retour sur les planches cet automne est donc un autre beau mandat, dans lequel elle se lance à cœur joie. D’ailleurs, elle mentionne apprécier sortir de sa zone de confort et continuer d’apprendre. « La chanson, si c’est pas ma tasse de thé, je vais l’apprendre. Ça ne me dérange pas de sortir de mes pantoufles de confort. On va faire des sketchs, on va essayer d’être drôle. »
Et maintenant… Un projet à Paris ?
On devra attendre le printemps prochain pour obtenir plus de détails, mais on retient qu’elle part pour Paris pour un nouveau projet.
Paris, c’est un cadeau qui m’est arrivé sans qu’on le demande. Aller à la rencontre de Charles Dumont, qui a 93 ans, qui va te recevoir chez lui, parce qu’un jour, tu as fait l’Olympia de Paris et sans le savoir, il était assis dans la salle… c’est pas ça être gâtée par la vie ? Ça ne me fait pas vieillir, ça me fait grandir. Je me dis, my god, je veux pas manquer ça ! Je suis sur mon X, je suis gâtée par la vie. J’ai de belles invitations.