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Critique et galerie de photos

Yoan en mode séduction au Centre Vidéotron

Yoan en mode séduction au Centre Vidéotron

Je dois être honnête avec vous dès le départ. J'abordais le spectacle de Yoan de ce soir avec une certaine réticence. Je n'ai jamais été une adepte du blondinet et sa victoire lors de la deuxième saison de La voix m'avait franchement laissée perplexe. Il faut toutefois lui donner ceci : pour aborder des salles imposantes comme le Centre Bell et le Centre Vidéotron, à l'aube d'une carrière propulsée par la télévision, il faut avoir une certaine dose de courage au ventre.

Mon constat de fin de soirée est le suivant : Yoan a franchement livré la marchandise. Oui, je vous le confirme, la sceptique a été confondue. En mode séduction, l'artiste à la voix profonde et juste a envoûté son auditoire mature avec un spectacle qui alliait des titres de son premier album et de grands succès du répertoire country. Porté par une mise en scène électrisante et tape-à-l'oeil, digne des plus grandes vedettes du country, et accompagné de musiciens expérimentés menés par l'excellent Rick Haworth, le jeune chanteur de 21 ans au charisme indéniable n'a pas raté l'occasion de faire bonne impression.

Le fait de s'entourer d'invités spéciaux n'était pas une mauvaise idée et a insufflé du rythme à l'ensemble. Bien sûr, il y avait la présence attendue d'Isabelle Boulay, sa coach à La voix, avec qui Yoan a interprété « Summer Wine » et la populaire « J'entends siffler le train » qui a fait fredonner la foule. Puis, il y a eu un segment attendrissant avec Sylvain Garneau, le papa. Fiston n'aurait pu paraître plus fier de pouvoir offrir à son père une aussi belle vitrine. La pomme ne tombe jamais bien loin de l'arbre... Mais le meilleur moment de l'événement nous a certainement été offert lors d'un duo avec Brett Kissel, chanteur canadien au talent incroyable. Les voix des deux artistes se mariaient à merveille et l'émotion était au rendez-vous. La collaboration avec Dean Brody, plus tard dans la soirée, a été moins heureuse et naturelle.

Si les chansons issues de l'album éponyme de Yoan semblaient plaire au public, ce sont surtout les classiques qui ont fait lever la foule, un peu trop disciplinée par ailleurs. Johnny Cash, The Doors, Elvis, Eric Clapton, The Beatles, Francis Cabrel, Tom Jones et d'autres étaient au programme, pour un effet boeuf assuré dans une formule « yoanisée ». Et que dire de ce buffet de cowgirls en cuir qui a pris d'assaut la scène en deuxième partie, dans une chorégraphie syncopée, s'attirant du coup les regards amusés du principal intéressé!

Évidemment, on ne peut passer sous silence le manque d'aisance criant du chanteur lorsqu'il s'adresse à la foule entre les chansons. Les cafouillages étaient nombreux et la langue française a été écorchée à plusieurs reprises. Si on peut encore lui pardonner cette maladresse, qui est clairement un mélange de timidité et de manque d'expérience, il faudra certainement y voir pour assurer la pérennité d'une carrière montante. L'éloquence est un art qui s'apprend. Même chose pour le manque de dynamisme sur scène. Un peu moins de statisme de l'artiste pourrait certainement aider à la mise en scène autrement irréprochable. Finalement, notons que l'ensemble aurait gagné à être resserré, voire écourté légèrement, au profit d'une foule frileuse à « veiller tard » qui avait déjà commencé à délaisser massivement la salle plusieurs chansons avant la fin. Je mettrais toutefois ma main au feu que ces faiblesses n'ont pas été suffisantes pour faire passer une mauvaise soirée aux quelques 5000 amateurs de country qui avaient le sourire aux lèvres, au sortir de l'enceinte.

Liste des chansons interprétées ce soir :

Première partie

  • Gonna Fall In Love With You
  • Kansas City
  • Dis-moi
  • That Kinda Guy
  • Roadhouse Blues
  • Good Hearted Woman (avec Brett Kissel)
  • I Didn't Fall In Love With Your Hair (avec Brett Kissel)
  • I'll Find It Where I Can
  • Tu m'as manqué
  • Je t'aime évidemment
  • Medley de Johnny Cash (Big River, Walk the Line, Ring of Fire)
  • Summer Wine (avec Isabelle Boulay)
  • J'entends siffler le train (avec Isabelle Boulay)

Deuxième partie

  • Mamas Don't Let Your Babies Grow Up To Be Cowboys (avec Sylvain Garneau)
  • 6 Days On The Road (avec Sylvain Garneau)
  • Never Could Toe The Mark
  • Trouble
  • Tulsa Time
  • Live Forever
  • Rosie
  • T'aimer trop
  • She's a Lady
  • Whole Lotta Shakin' Goin' On
  • Get Back
  • Baby What You Want Me To Do
  • It's Friday (avec Dean Brody)
  • Fast As You (avec Dean Brody)
  • Folsom Prison Blues
  • My Way Home
  • Goodbye Mother