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Soir de première

Une première mouvementée pour Emmanuel Bilodeau : un homme quitte en ambulance

Visionnement de Toute la vie

La première montréalaise du deuxième one man show d’Emmanuel Bilodeau, « Manu Bilodeux dans le pétrin », a été mouvementée, au Théâtre Outremont, vendredi soir. L’humoriste et comédien a été forcé d’interrompre son spectacle lorsqu’un homme assis au milieu de la salle a été pris d’un malaise et a dû quitter la salle de l’avenue Bernard en ambulance.

Interpellé par des spectateurs, Emmanuel Bilodeau, environ à mi-chemin de sa diatribe comique sur la paternité, s’est tout de suite tu en entendant les gens crier qu’il fallait appeler immédiatement le 911.

L’humoriste et comédien a tout de suite proposé d’annuler la représentation par respect, mais d’autres membres de la production ont plutôt suggéré d’attendre le déroulement des événements. L’homme mal en point a été transporté hors de la salle, où plusieurs personnes ont pris soin de lui en attendant les secours.

L’homme, dont on ignore la nature du malaise, était conscient et capable de répondre aux questions qu’on lui posait. La conjointe d’Emmanuel Bilodeau, Édith Cochrane, s’est plus tard adressée à la petite foule, plutôt intime en ce vendredi soir frisquet, pour informer qu’on attendrait le départ de l’ambulance pour reprendre le spectacle.

Tout était sous contrôle quelques minutes plus tard, et c’est avec le sourire malgré l’énervement que l’assistance a réaccueilli Emmanuel avec effusion lorsque celui-ci est remonté sur scène. Plus de peur que de mal, mais on gage que « Manu Bilodeux » se souviendra longtemps de sa première du 7 octobre 2022!

Inspiré et inspirant

Dommage que l’incident ait plombé ce lancement officiel de la tournée d’Emmanuel Bilodeau, car le matériel que celui-ci présente dans cette nouvelle production est inspiré et inspirant, à l’image de l’intelligence qu’on connaît à l’artiste.

Bilodeau simule sa propre première partie, en imitant un comique débutant au débit impossible (une façon d’exulter sa nervosité?). Imitation (réussie!) d’Émile Bilodeau, variole du singe, vaccins Moderna, Pfizer ou Prozac, « Guillaume Hyundai Thivierge », les pénuries qui lui causent de l’anxiété, Ricardo et Stefano qui seraient les enfants illégitimes de Di Stasio, la femme de Saputo… On manque de mains pour tout résumer, tant notre verbomoteur défile les thèmes à vitesse grand V!

Son rôle de papa occupe ensuite une grande place de son monologue. En 2014, dans son One Manu Show, on faisait déjà grand cas de son « terrible two », son « fucking four » et sa « sweet sixteen ». La progéniture a depuis grandi, s’y est ajoutée une fillette d’aujourd’hui « 48 mois » - dont l’arrivée n’était vraiment pas prévue, à en croire l’ardeur avec laquelle le géniteur annonce qu’il a « scrapé » sa retraite! - et offre encore une abondante matière à rigolade.

Son laïus au sujet de ses deux ados de 12 et 14 ans est délicieux et défoulera probablement tous les parents de rejetons du même âge. De son « grand plywood » de 14 ans, à la « voix de robot culinaire brisé », le (sûrement quand même) fier papa dit : « Il est touchant, il est maladroit pis y’est laite! » Qu’il raconte comment la chair de sa chair vole ses écrans pendant son sommeil ou qu’il pourfende l’hypocrisie de ses deux garçons, apparemment gentils hors de la maison (« « Ils font semblant d’être fins, les mardes! »), Emmanuel joue les gentils pères indignes avec délectation. Sa petite dernière, Adélaïde, aux « yeux bleu acier » et au caractère « à scier » (« Elle est cute comme une poupée bout de chou, avec le comportement de Chucky »), n’échappe pas non plus au verbe aiguisé de son papa. Bien sûr qu’Emmanuel et Édith Cochrane ont, après sa naissance, cherché activement un moyen de contraception efficace…!

Ces intermèdes où Manu mitonne son pain en chantant (notamment Un sourire, de Paul Piché), en évoquant sa maman décédée, offrent une pause de cynisme tempéré, lequel revient de plein fouet lorsque le créateur jase d’environnement, de politique, mais jamais de façon frontale ou moralisatrice.

Ses messages, Emmanuel Bilodeau les transmet souvent et essentiellement sous forme de jeux de mots ou de faux discours en apparence cocasses, mais lourds de sens. Ce qui ne l’empêche pas de décrier que son bébé de 20 kilos émet plus de gaz à effet de serre qu’une vache de 800 lbs… et de nous apprendre qu’il possède une grande affiche de Greta Thunberg à la maison. L’acteur-né ramène même son personnage de Tony Tomato pour entamer la portion plus engagée de sa partition, de même que son « Popaul Pichette » de « L’Association des vieux criss ».

La tournée Manu Bilodeux dans le pétrin s’arrêtera dans plusieurs villes dans les prochains mois. Consultez son site web pour plus d’informations.

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