Repris depuis sur les planches de Broadway et reconnu comme la comédie musicale rencontrant le plus grand succès de New York, c'est maintenant au tour de Montréal, après Paris, d'adapter le texte original deThe Producers. C’est le talentueux Serge Postigo qui en prend les rênes à titre de metteur en scène et rôle principal, après avoir tenu ce même rôle dans la version française.
L'histoire tourne autour de Max, ancien producteur à succès qui enchaîne les échecs et risque la faillite. Après une autre critique déroutante, un comptable timide débarque dans son bureau et lui inspire l’idée d’organiser une fraude. Bien malgré lui, le personnage aux bas bruns se retrouve mêlé au projet et ensemble, ils veillent à organiser la pire comédie musicale de tous les temps afin d’arnaquer des investisseurs. À chercher le pire acteur, le pire metteur en scène et le pire scénario du monde… ils se feront prendre à leur propre jeu. Un univers qui transporte le public dans une pièce audacieuse à l'humour irrévérencieux qui risque fortement de plaire au public de chez nous!
Nous avons eu la chance de nous immiscer dans les répétitions de la comédie musicale et de nous entretenir avec le chef d’orchestre du projet. Voyez une galerie photo des répétitions ci-dessous et un court extrait vidéo.
Les producteurs - Répétition
Félicitations pour ce projet audacieux! Après avoir joué la pièce en français près de 400 fois de l’autre côté de l’océan, est-ce que ça a été complexe de la traduire et de la réapprendre en français québécois?
Serge Postigo : « Oui, c’est difficile pour moi, parce que ma langue est hybride depuis toujours. Je suis français d’origine, j’ai grandi ici, mais quand même, j’ai toujours eu un espèce d’accent weird, comme je viens de faire là (rires). Mais je suis comme ça depuis que je suis petit et voilà. Mais ce qui a été le plus dur ça a été de sortir le texte français [de France], parce que je n’ai pas adapté le texte français [vers le Québécois], je suis parti du texte de Mel Brooks en anglais, je l’ai traduit et adapté en québécois, adapté pour nous, avec notre humour, notre sensibilité, nos références, notre culture à nous et tout ça, et je tenais à ce que ça soit en québécois. Parce que cet humour-là, la langue québécoise a un rythme qui se fait bien à ce genre de comédie là. »
Vous avez choisi de faire des auditions ouvertes pour recruter les artistes de la distribution. Pourquoi?
Serge Postigo : « J’ai toujours fait ça, depuis 2016. Pourquoi? Parce que sinon, Marianne Orlovsky, qui fait Ula*, vous avez vu le talent de cette fille-là? Bin, je ne l’aurais pas donné à elle, je l’aurais donné à quelqu’un que je connais. Parce que, à chaque fois, il y a la moitié de mes distributions que je ne connais pas. Parce que je donne les rôles aux gens auxquels la chaussure va. Je ne connais pas tout le monde, et à chaque fois que j’ai une certitude, chaque fois que je me dis : "ah, cette personne-là, je suis sûr qu’elle va l’avoir", je me trompe à chaque fois. À chaque fois. Il y a une personne que je ne me suis pas trompé, c’est Marianne [Orlowski] parce que Marianne était doublure Ulla à Paris. Elle l’a jouée quand même 13 fois là-bas. Et, quand elle m’a dit : "j’aimerais passer l’audition", j’ai dit oui, et je me suis dit : "oh putain". J’ai dit : "ouais, viens, je pense que ça vaut la peine". Elle l’a mérité. C’est la seule fois dans ma carrière que je me suis dit : "ce rôle-là, il est pour elle" et qu'effectivement, c’est elle qui l’a eu. Sinon, chaque fois, je me trompe. C’est insécurisant, parce que des fois je ne sais pas qui va jouer dans mon show. »
Les productions aiment souvent travailler avec des noms connus...
Serge Postigo : « Exactement! J’ai la chance de tomber sur des producteurs intelligents. Qui ne me disent pas : "oui, mais j’aimerais mieux avoir telle personne qui fait La voix, ou telle personne qui a fait Star Académie. Et, je comprends la valeur commerciale, je comprends cette vision des choses, mais ils me font confiance sur : "écoutez, on va essayer d’avoir les meilleures personnes pour ce spectacle-là, pour ce rôle-là" . »
La dernière comédie musicale que vous avez mise en scène au Québec a dû être annulée, en 2020. Maintenant, la pièce Les Producteurs a un certain prestige et un succès que vous avez pu vous-même constater et on ne peut passer sous silence que le domaine du divertissement éprouve certaines instabilités à l'heure actuelle. Ressentez-vous davantage de pression à revenir sur la scène québécoise avec cette production plus particulièrement?
Serge Postigo : « Oui oui oui, ça met une pression supplémentaire, je vous avoue. Bien sûr, ça a été un succès à Paris et tout, moi je reviens ici, je le refais et tout, mais si ça plante, tu fais : "merde". C’est sur que ça met une pression. Et, moi la pression est toujours la même, ce n'est pas envers Les producteurs que je l’ai, ce n’est pas envers le public, ce n’est pas envers moi, ce n’est pas envers ma réputation, je n’en ai rien à foutre, c’est envers l’équipe. Ces gens-là me font confiance, ces gens-là je leur dis : " Va à gauche là, fais-moi confiance", ils vont à gauche. Si après dans le journal c’est marqué : "Dommage qu’ils soient allés à gauche, ce n’est pas là qu’il fallait aller", c’est ça qui va me faire de la peine, c’est d’avoir mené des gens qui me font confiance dans un mur. C’est ça qui m’affecterait le plus. Ce que je ne veux pas, c’est que les gens aient regretté de m’avoir fait confiance. »
L'adaptation québécoise met aussi en scène, entre autres, Marianne Orlowski, Benoît Finley, Jean-Luke Côté et Thiery Dubé. Voyez leurs portraits ci-bas.
Les producteurs, en représentation dès le 28 mars à l’Espace St-Denis à Montréal, jusqu'au 15 avril et au Théâtre Capitole de Québec du 27 juin au 14 juillet. Trouvez une date de spectacle, ici.