Ce nouveau spectacle du Cirque Éloize a énormément fait jaser depuis l'annonce de sa création. D'une part parce que la matière première est l'oeuvre culte d'un pilier de chanson québécoise, Serge Fiori. D'autre part pour la collaboration de ce dernier avec Louis-Jean-Cormier pour la musique. Puis parce que le résultat s'annonçait des plus prometteurs. À elle seule, la trame sonore de ce nouveau spectacle vaut l'écoute. Le leader du légendaire groupe Harmonium revisite son propre répertoire, en complicité avec Louis-Jean Cormier, sans toutefois le dénaturer. Le résultat est prenant, voire hautement émouvant.
Sur scène, ce sont 20 artistes, 15 acrobates et 5 danseurs qui magnifient l'émotion déjà présente dans les chansons de Fiori. Parmi les danseurs, on retrouve notamment Charles-Alexis Desgagnés qui s'est illustré en finale de la première saison de l'émission Révolution et dont les mouvements sont si caractéristiques. Celui-ci offre d'ailleurs certains des meilleurs segments de danse de la soirée. En autant d'allégories que de succès musicaux, Serge Fiori, seul ensemble illustre avec brio l'unicité du « je », mais aussi et surtout la force du « nous ». Les tableaux sont tantôt poétiques, tantôt oniriques et représentent bien la folie et la profondeur qui cohabitent dans l'oeuvre de Serge Fiori.
Ponctué par les anecdotes du créateur et appuyé par de splendides projections sur toiles, ce spectacle magistral met de l'avant le talent des artistes qui savent en mettre plein la vue. Aucune déception à l'horizon pour les adeptes de cirque. Les prouesses et les contorsions physiques des protagonistes ébahissent à tous moments. En première partie, un duo aux sangles aériennes, sur fond étoilé et devant une lune grise, nous a complètement émus. Puis, on a eu droit à un numéro de jonglerie déjanté sur « Viens danser », avec lapins géants en prime. Un autre duo sur cadre aérien a aussi réussi à nous émerveiller.
La seconde partie commence alors que deux grands gaillards - Jérôme Hugo et Jules Turpin - réussissent à nous faire retomber en enfance en s'amusant sur une planche coréenne sur la chanson « Aujourd'hui, je dis bonjour à la vie ». Puis, le public a regardé sans respirer un funambule épatant survoler la salle sur un fil de fer. Sur « Dixie », on a chanté et tapé des mains en voyant de grands enfants danser dans un jardin de fleurs géantes. Puis, une artiste de la Roue Cyr a tourbillonné avec sa robe blanche jusqu'à nous étourdir et nous ravir. Tant de numéros réussis composent ce spectacle sans faux pas, à la hauteur de la légende qui l'a inspiré.