Serge Denoncourt propose avec Hair l'une de ses comédies musicales les plus audacieuses en carrière. Ambitieuse à souhait, cette pièce née off-Broadway, en 1967, offre un message d'amour et de paix qui résonne encore aussi fort aujourd'hui. Sur scène, une distribution chevronnée propose le climat peace & love des années 60, osant la nudité et des thèmes universels, pourtant encore tabous.
Au centre de cette audacieuse fresque plantée dans un décor américain de 1968, on rencontre Claude Bukowski, un fermier de l'Oklahoma, qui aspire à plus que s'engager dans l'armée pour aller combattre au Vietnam. Avant de s'enrôler, il fera un détour par New York où il fera la rencontre d'un groupe de hippies, pour qui la passion, la liberté et la paix sont primordiales.
Certes, Hair n'est pas pour tous. À l'encontre des comédies musicales Annie ou Les Choristes, toutes deux mises en scène précédemment par Serge Denoncourt, qui convenaient aux 7 à 77 ans, Hair s'adresse à un public averti, ouvert davantage à se plonger dans une atmosphère, un état d'esprit, qu'à suivre une histoire bien construite.
À l'instar des personnages qu'elle met en scène, la pièce est libérée de toutes conventions, brisant régulièrement le quatrième mur avec les spectateurs, voguant au gré des humeurs et des chansons, dont les plus connues demeurent « Aquarius » et « Let the Sunshine In ». D'ailleurs, le metteur en scène s'amuse de cet aspect déconstruit, laissant un personnage dire à la foule en début de seconde partie « Il vous reste 50 minutes à ne rien comprendre », un clin d'oeil qui en fera rire plus d'un.
La mise en scène est aussi complexe qu'impressionnante. Serge Denoncourt ne s'est pas donné la tâche facile, alors que se retrouvent régulièrement sur scène tous les comédiens en même temps, offrant un coup d'oeil imprenable. Ceux-ci se promènent dans des tréteaux qui ornent la scène, dansent, chantent, osent se dévêtir ou porter des costumes surprenants. Parlez-en à Nico Archambault qui est, à un moment précis, affublé d'un costume qui n'est pas sans créer quelques réactions! Même chose pour Étienne Cousineau, franchement surprenant, qui vole la vedette avec sa Margaret Mead hilarante et affranchie. Le tout est bonifié de projections historiques, d'éclairages chamarrés, d'effets stroboscopiques; tout pour nous mettre dans l'ambiance.
Au coeur de la distribution, on retrouve évidemment Philippe Touzel, qui donne vie au personnage principal de Claude Bukowski, un être charismatique et enjôleur. À ses côtés, la fabuleuse Éléonore Lagacé montre encore une fois toute l'étendue de son talent, y allant d'une performance magnétique. À tel point qu'on aurait souhaité davantage de solos de sa part. La jeune femme, qui clopinait pourtant une heure plus tôt sur le tapis rouge, visiblement affectée par une blessure au pied droit, n'a rien laissé paraître durant le spectacle.
Kevin Houle cabotine joyeusement au sein de la troupe, ayant la responsabilité de faire sourire la foule. D'ailleurs, les spectateurs assis en première rangée en ont pour leur argent avec ce personnage aussi déluré que divertissant. Mentionnons aussi les performances saillantes de Maxime-Olivier Potin et Sarah-Maudes Desgagnés, envoûtants.
Cette première médiatique a malheureusement été perturbée par un incident technique qui a demandé l'intervention rapide de Serge Denoncourt et son équipe. On vous en parlait ici. Malgré tout, les spectateurs en garderont certainement un souvenir impérissable, puisque c'est souvent dans les situations de crise que les humains sont les plus beaux. Hair est une réussite, aussi sexy, provocante qu'assumée, à savourer pour qui ose l'anticonformisme.
Voyez nos images de la comédie musicale ci-dessous.
Hair est présentée jusqu'au 30 juillet à Montréal, puis à Québec en décembre prochain.