Avec un spectacle qui s'intitule Rien qu's'une gosse, on ne s'attend certainement pas à de l'humour d'intello. Et c'est bien ce que nous sert Dominic Paquet avec son troisième one-man-show : rythme effréné, blagues rarement subtiles, humour coloré.
Paquet introduit d'ailleurs son thème général en expliquant que son spectacle ne s'adresse pas au grand penseur, ni à son antithèse, le gros épais. Il nous met aussi au parfum de son programme : dans le spectacle, il n'y aura ni danse ni chanson à répondre. « Si vous voulez de la danse, allez voir Rachid Badouri ». Pourtant, comme un enfant un peu girouette, il saura se dédire plus tard en offrant une chanson à répondre et un moment de danse délirant qui aura tôt fait de mettre le feu aux poudres!
Rien qu's'une gosse fait référence au fait que tout va toujours trop vite. Et c'est bien le cas dans le spectacle de Dominic Paquet. Il y en a des choses à dire en deux heures et le moment passe en un éclair. Bien sûr, il y a des rires généralisés à plusieurs reprises, mais il y a aussi et surtout des rires constants et diffus, en fonction de ce qui vous fait rire personnellement. Car dans Rien qu's'une gosse, il y en a des sujets. Passer du coq à l'âne, Dominic Paquet en a fait un art. C'est pourquoi, en deux heures, on parle de la ferme, des vaches, de semaines se déclinant en mois et en années, de Lucas Rocco Magnotta, de bonhomme de neige, de terroristes, de personnes âgées, de restaurants chinois, de PFK, de déjeuner, de construction, et plus encore. Et je vous promets, tout cela a du sens. Mentions spéciales au segment sur les jours de la semaine, aussi hilarant qu'intelligent, et à celui, beaucoup moins subtil, sur le Poulet frit Kentucky. Il faut voir le comique se démener sur scène en faisant semblant de manger son « délectable » poulet frit pour comprendre à quel point l'humour de Paquet est physique, déjanté et irrésistible.
Paquet s'amuse à souligner à gros traits, parfois avec un peu trop d'insistance, les travers de notre société et ce qui nous fait sourciller. Il scrute le quotidien pour y trouver les inconséquences, les absurdités, les éléments du ridicule. Il nous livre ensuite ses observations, pas toujours politiquement correctes, dans un style unique alliant la performance physique et le monologue débridé. À tel point qu'il est parfois difficile de tout saisir tant le débit est rapide.
La mise en scène signée Réal Béland est adroite et inventive et laisse toute la place au dynamisme de Paquet qui s'agite sur scène tel un fou du roi. Les projections nous permettent de suivre sans peine l'humoriste dans ses différents univers et ses délires comiques.
Dominic Paquet assume bien son côté épais. Nous, on assume parfaitement être sous le charme de cet humoriste sympathique, hautement charismatique, qui nous livre un second opus maîtrisé, intelligent et franchement drôle. Un spectacle à voir sans hésitation.