Après une introduction fort efficace du quatuor Reuben and the Dark, mené par le charismatique Reuben Bullock, les sept membres de Counting Crows ont fait leur entrée devant une foule bigarrée et enthousiasmée.
Dès les premiers élans de guitare, on peut reconnaître « Round Here », l'un de leurs grands succès. Le chanteur Adam Duritz, décontracté et échevelé (avec ses dreads caractéristiques), s'affiche d'emblée avec une présence théâtrale, mais un peu pataude qui laisse présager le pire. Il paraît en voix, mais hésitant, semblant même peiner à suivre le tempo. Le tout se corrigera heureusement plus tard et le chanteur confessera avoir fait, avant le spectacle, ce qu'il ne fait jamais, soit une longue sieste, ce qui l'a rendu confus. L'a-t-on cru? Pas vraiment.
Le but de la tournée est bien sûr de présenter du nouveau matériel : les chansons présentes sur l'album Somewhere Under Wonderland. Cependant, les Counting Crows n'ont pas oublié leurs irréductibles fidèles qui les suivent depuis les années 1990. C'est pourquoi s'enchaînent dès lors classiques et nouveautés. On a droit à « Scarecrow » tirée du nouvel album, « Mr Jones » pendant laquelle la foule s'électrise, « Hospital », « Black and Blue », « Mercy », « Omaha » et bien d'autres.
Duritz se réchauffe tranquillement, la complicité avec ses musiciens expérimentés apparaît progressivement, une communion avec le public se crée. Les points forts de cette rencontre sont certainement l'interprétation superbe, riche et envoûtante de « God of Ocean Tides », une nouveauté, et du classique « Long December », majestueuse (et ma préférée, j'étais heureuse!). Le chanteur viendra d'ailleurs s'assoir au piano pour la première fois pour interpréter cette dernière. Un moment magique.
Après une quinzaine de chansons, le groupe quitte la scène dans un tonnerre d'applaudissements, seulement pour revenir avec trois autres chansons, dont « The Rain King », toujours aussi entraînante.
Counting Crows, c'est une musique qui mélange allègrement le rock, le blues, la pop et le country. Mais c'est aussi et surtout une voix, celle d'Adam Duritz, unique et enveloppante. Le chanteur a une présence imposante, voire hypnotisante. Son travail vocal semble sans effort, mais s'avère toutefois parfait. Il faut le voir chanter avec puissance et battre la mesure comme un chef d'orchestre, tout en mâchant sa gomme, pour comprendre le personnage et saisir un peu la raison pour laquelle le groupe a encore son lot d'adeptes après toutes ces années. Une très belle soirée.