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Hommage

Contre vents et marées : Comme si Renée Martel y était…

Spectacle Contre vents et marées de Paul Daraîche au Cabaret du Casino de Montréal

Renée Martel continue de vivre dans le coeur de ses amis et du fidèle public qui ne l’oubliera jamais. Elle était partout au Cabaret du Casino de Montréal, jeudi, l’aura de cette grande dame du country qui manque à toute une industrie, toute une province, qui a laissé sa marque indélébile dans le style qui lui sera toujours intimement lié.

Sans sa fidèle alliée de longue date, Paul Daraîche inaugurait officiellement la tournée Contre vents et marées, qui avait à l’origine été pensée pour se commettre en duo avec sa moitié féminine, et dérivée de l'album du même titre. Il manquait évidemment une raison d’être au jour J, mais le plaisir et la tendresse y étaient quand même, intacts.

« On est ici pour vous présenter le spectacle que Renée aurait voulu vous présenter », a déclaré Paul Daraîche, en salutations. Sans larmoiement, l’homme a rappelé l’importance de cette dernière dans sa vie (« notre amie Renée, ma complice, ma jumelle ») et effleuré son décès douloureux, encore tout frais puisqu’il date de moins d’un an. Un « départ aussi brusque qu’inattendu, qui [nous] a fait très mal », a-t-il soulevé.

Triste, beau… et festif!

C’était une soirée à la fois triste et belle, pleine d’une émotion à parfois donner le frisson, mais aussi festive. On n’arrêtera certainement pas de s’amuser tant qu’un Paul Daraîche foulera nos planches, on en a eu la garantie jeudi!

Pour honorer dignement le souvenir de sa sœur de scène, notre immortel cowboy a convié d’autres belles âmes, Laurence Jalbert et Annie Blanchard, à parcourir les routes avec lui pour les prochains mois. De dignes héritières, des grandes voix humbles porteuses d’un flambeau de coeur et de passion, sincèrement admiratives de Renée Martel. En duo, en trio, avec le concours de l’assistance, ou pas, la joyeuse bande a empli la salle du Casino d’accords des pièces de Contre vents et marées, et de quelques classiques.

Ce qui ne gâte rien, en première partie, Émilie Daraîche, fille de Paul, dévoile au grand jour quelques morceaux de son album éponyme paru en 2020. La nièce spirituelle de Renée revient plus tard entremêler un pot-pourri de titres de Marcel Martel, incluant "Un coin du ciel", écoutés religieusement.

C’est la magnifique "Je pars à l’autre bout du monde", que plusieurs ont connue du timbre de Beyries, mais bel et bien née de la plume sensible de Paul Daraîche, qui nous a souhaité la bienvenue. Derrière, sur un petit écran, défilaient des images d’archives de Renée Martel.

Sa guitare en bandoulière, son grain de voix toujours délicieusement éraillé, Paul Daraîche s’est souvent attendri d’entendre les spectateurs à l’unisson sur un couplet ici, un refrain là.

C’est Annie Blanchard qui a eu l’immense honneur, « le grand cadeau », de délicatement tisser les vers archiconnus de "À ma mère (Perce les nuages)", le perpétuel succès de Monsieur Daraîche, bien sûr accueilli d’une petite clameur respectueuse.

La mise en scène de Contre vents et marées, qui implique pleinement les cinq musiciens entourant les trois vedettes, a beau être sobre, elle occupe entièrement l’espace. Elle est surtout vivement habitée par les récits de tranches de la vie de Renée déclamés par Paul, par Annie, par Laurence, par Émilie. Un souvenir de première partie ou un prénom, Laurence, inspiré par l’une et donné à la fille de l’autre…

Beaucoup de moments de petites joies parsèment ce tour de chant surplombé tout du long du chapeau noir du roi Paul. Comme quand Laurence Jalbert, dubitative, accepte de relever le défi d’affronter la difficile "Le Lumberjack". On ne refuse rien à Paul Daraîche, n’est-ce pas? Même si la langue nous fourche. Un parterre hilare l’a encouragée sans retenue. En quasi fin de parcours, on a battu la mesure sur "Un amour qui ne veut pas mourir", puis sur "Nous on aime la musique country".

Renée Martel devait bien taper des mains elle aussi, quelque part sur son nuage. On en a eu encore davantage l’impression quand a résonné, en clôture, "Nés le même jour", de l’authentique voix de Renée Martel, en tandem avec son alter ego Daraîche.

Un projet bousculé

Pour la petite histoire, au printemps 2021, les amis Paul Daraîche et Renée Martel se faisaient une joie de préparer la sortie, dans l’année suivante, de leur album commun, Contre vents et marées. Un premier extrait évocateur, "Nés le même jour" – parce que, oui, les deux légendes country du Québec ont bel et bien partagé la même date de naissance, le 26 juin 1947… et poussé leur premier cri à 5 h du matin tous les deux, par-dessus le marché – avait été lancé en juin. La galette complète, en octobre de la même année. Puis, aux derniers jours de 2021, le 18 décembre, la reine Renée a tout doucement tiré sa révérence, sans faire de bruit, à 74 ans. Ce sont les pleurs de tout son monde, de toute la communauté country, de ses fans, qui ont causé le tapage. L’année fut de surcroît rude pour Paul Daraîche, qui a également dit adieu à sa sœur Julie Daraîche en avril dernier.

Pour toutes les dates de la tournée Contre vents et marées, de Paul Daraîche, avec Laurence Jalbert, Annie Blanchard et Émilie Daraîche, on consulte le site daraiche-martel.ca.