Peut-être est-ce le fait que Gad Elmaleh a vécu à Montréal plusieurs années dans sa jeunesse, mais quoi qu'il en soit l'humoriste a su toucher directement le coeur des Québécois. À plusieurs reprises, Gad levait les yeux au ciel et s'adressait à PKP. Il a, évidemment, fait sa brillante imitation de l'accent québécois et s'est amusé de la rivalité Montréal-Québec. « C'est très drôle, vous habitez déjà dans une province qui veut se séparer du Canada et à l'intérieur du Québec, il y a des villes en compétition. » Il faut bien quelqu'un de l'extérieur pour nous faire réaliser l'absurdité de cette opposition régionale. L'artiste a également lancé une vanne (oui oui, je suis allée voir un humoriste français et maintenant je dis « vanne ») sur notre équipe de hockey inexistante, et est arrivé pour le rappel avec une tuque souvenir de Québec, avec la fleur de lys devant et les cache-oreilles en mouton.
Il a alors invité une jeune femme sur scène - une certaine Marguerite qu'il avait interpelée plus tôt dans le spectacle - à se joindre à lui pour chanter Petit oiseau. Bon, pour ceux qui galéraient (oui, je dis « galérer » aussi) et se demandaient ce qu'était cette étrange comptine dans laquelle on parle d'un oiseau qui ne peut pas voler, sachez qu'elle est extraite de son deuxième one man show et qu'elle est rapidement devenue culte à travers toute l'Europe. Aujourd'hui, cette chanson suit Gad Elmaleh partout où il passe (même à Québec) et il se doit de la jouer pour plaire à son fidèle public. Pour ceux qui ne la connaitraient pas, vous pouvez la découvrir ci-dessous. Attention par contre, c'est un ver d'oreille très puissant. À consommer avec modération.
En point de presse samedi, Gad Elmaleh avait aussi parlé de ce comportement étrange qu'ont les Québécois de vouloir aller straight to the point, alors que les Français ont tendance à prendre davantage leur temps. Cette sympathique Marguerite qu'il a invitée sur scène pendant son rappel a prouvé la justesse de son observation. Alors qu'il lui expliquait qu'il ne voulait pas la mettre mal à l'aise, qu'elle pouvait retourner à son siège et ne pas chanter la chanson si elle n'en avait pas envie, qu'il ne voulait pas la brusquer, elle lui a répondu : « Bon là, on peut-tu la chanter la toune! ». Magique. Tout simplement magique. Gad Elmaleh a une capacité d'analyse absolument stupéfiante. J'ignore s'il sait saisir tous les peuples aussi bien qu'il comprend les Québécois, mais cet humoriste français nous dépeint magnifiquement (dans nos qualités et nos défauts).
Toujours pendant le rappel, Gad Elmaleh a remercié Michel Courtemanche de s'être déplacé pour assister à son spectacle et de l'avoir influencé positivement professionnellement.
D'ailleurs, on reconnaît un peu l'humour physique de Courtemanche dans le jeu de Gad. En plus d'utiliser son corps comme moteur à certaines de ses blagues, l'humoriste profite également de tout l'espace qu'il lui est alloué. Il bouge d'un côté à l'autre et s'adresse au public directement dans les yeux. Il interagit d'ailleurs beaucoup avec les spectateurs au cours de son spectacle, leur demandant parfois un mot - faisant mine de l'avoir oublié - ou leur posant, de front, des questions ouvertes. Il exploite les thématiques de la religion, du culte, de la famille et raconte certaines de ses expériences professionnelles, notamment son récent passage à New York.
La seule blague qui n'avait pas été adaptée par Gad Elmaleh dimanche soir à Québec, en était une sur le jeu Les sept familles. Après l'avoir googlé, j'en ai compris qu'il s'agissait d'un jeu de mémoire et d'observation conventionnel dans lequel il faut associer des cartes semblables pour faire une paire. Eh bien, comme on dit si bien chez nous : « On va se coucher moins niaiseux à soir! »
Pour ceux qui l'ignoraient et qui l'ont découvert dimanche soir, Gad Elmaleh est l'un des humoristes les plus incroyables de la francophonie, et on lui souhaite beaucoup de succès en anglais, un défi qu'il s'est donné pour les prochaines années.