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Un film à la dérive

1.5
Notre critique

Le film Pédalo de Stéphane E. Roy part rapidement à la dérive, comme ses protagonistes dans l'histoire.

Adapté de la pièce de la théâtre éponyme, le film Pédalo de Stéphane E. Roy part rapidement à la dérive, comme ses protagonistes dans l'histoire. Le huit clos imposé par le théâtre aurait pu être explosé grâce au médium du cinéma, qui offre davantage de liberté d'un point de vue visuel et narratif, mais on s'en tient essentiellement à ce vis-à-vis monotone duquel ne naît aucune réflexion pertinente. Les dialogues insipides de Pédalo, enchâssés dans un humour vieux jeu et une réalisation monotone, finissent par devenir désolants.

Le long métrage suit deux couples qui partent dans un tout-inclus dans le Sud pour fuir l'hiver québécois. Alors que Claudia et Mia font connaissance, les amis de longue date, Sébastien et Bruno, décident de partir de pédalo sur la mer. Leur escapade vire rapidement en fiasco lorsqu'ils se perdent quelque part au large de Cuba, pendant que les femmes visitent La Havane et dansent au bar de l'hôtel. Finiront-elles par s'inquiéter de la disparition de leur conjoint respectif?

Les volontés de Stéphane E. Roy de parler de la crise de la cinquantaine dans un contexte ludique étaient peut-être valables, mais son scénario ne fait que renforcer les stéréotypes et n'encourage pas l'introspection. Même le personnage de Mia - qui est le plus intéressant du lot - est bâti autour des clichés de la génération Z. Heureusement, Camille Felton apporte une fraîcheur dont l'oeuvre avait bien besoin. D'ailleurs, il s'agit du seul personnage qui n'est pas frappé d'une morosité accablante. Tous les autres se noient dans un marasme, qui devient contagieux.

La finale propose un revirement assez étonnant, mais, rendu-là dans l'histoire, nous nous contrebalançons du sort des protagonistes. Les secrets qui les hantent, leurs aspirations ou leurs croyances n'ont plus beaucoup d'importance, malheureusement. Les blagues de caca dans la mer, d'anus et les quiproquos en lien avec le vocabulaire maritime ne réussissent pas à nous raccrocher au récit, au contraire.

Si les images des plages de sable blanc de Cuba et l'eau turquoise du film Pédalo nous a transporté un moment loin de l'hiver, ses répliques insipides et son ton pessimiste nous ont vite replongés dans la gadoue.