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Même recette, plus de coups, moins de saveur

2.0
Notre critique

Au rayon des suites les plus inutiles et paresseuses de la dernière année trône Nobody 2 qui n'est qu'un simple ersatz du film original.

Produit et scénarisé par l'équipe derrière John Wick, Nobody a récolté un joli succès en 2021. S'inscrivant dans le registre de plus en plus répandu du héros ordinaire qui doit renouer avec son passé d'assassin, le long métrage musclé divertissait allègrement. Sans rivaliser avec le modèle du genre qu'est A History of Violence de David Cronenberg, l'ensemble d'une redoutable efficacité s'avérait nettement plus satisfaisant que tous les Love Hurts de ce monde.

Voilà que débarque sans crier gare une suite qui non seulement n'apporte absolument rien de nouveau, mais n'est qu'un copier-coller de son prédécesseur. Seuls les lieux changent... et encore. Le tout débute à nouveau par un interrogatoire policier et les journées de la semaine défilent de façon répétitive. Un père voudra venger le combat perdu par son fils et l'argent du crime d'un être diabolique finira en fumée. La grosse scène de baston ne se déroule plus dans un autobus, mais sur un bateau... en forme d'autobus!

Difficile de croire qu'il a fallu autant de personnes pour pondre un scénario aussi rudimentaire. Les vacances de Hutch (Bob Odenkirk) et de ses proches tournent au vinaigre et ils devront mettre k.o. une tonne de méchants. L'effet de nouveauté n'y est plus et les dialogues de piètre qualité font mal aux oreilles. D'un côté, le récit célèbre les vertus de la famille et des bons sentiments. De l'autre, il fait l'apologie des armes à feu et de l'auto-justice. Voilà un titre qui risque de rencontrer un succès fou chez nos voisins du sud.

L'attachant protagoniste campé avec verve par Bob Odenkirk (de la série Better Call Saul) s'avère, encore une fois, le meilleur élément du film. L'acteur nage comme un poisson dans l'eau dans ce registre et voir son visage tuméfié relève de l'enchantement. Le reste de la croisière, qui comprend Connie Nielsen, Christopher Lloyd, John Ortiz, Colin Hanks et RZA semble s'amuser même si leurs rôles relèvent de l'archétype. Sharon Stone étonne et détonne dans un contre-emploi diabolique. La comédienne cabotine allègrement, dansant comme si elle se retrouvait dans Reservoir Dogs.

Ce sont toutefois les scènes d'action qui demeurent la raison même de l'existence de cette franchise. Elles sont toujours aussi violentes, stylisées et amusantes, sortant littéralement d'une bande dessinée. Il n'y a toutefois rien de nouveau sous le soleil. L'affrontement final dans un parc d'attractions aurait pu être encore plus sanglant et rigolo, tandis que la confrontation dans la salle de miroirs rappelle celle de John Wick 2. Malgré le changement de réalisateur, la mise en scène est pratiquement identique au long métrage précédent, entre montage survolté et utilisation ironique de la musique. De quoi décevoir les admirateurs du talentueux cinéaste indonésien Timo Tjahjanto (Killers, The Night Comes for Us) dont le style reconnaissable paraît ici bien anonyme.

Série B poussive qui s'assume comme défouloir simpliste, Nobody 2 plaira sans doute aux fans du film original. Dommage que cette suite, qui s'oubliera en sortant de la salle de cinéma, ne prenne même pas la peine d'explorer de nouveaux territoires, offrant exactement le même menu hypercalorique. Peu importe ce qu'on pouvait penser de Megan 2.0, la production osait modifier sa formule gagnante, ce qui était tout à son honneur. Il n'y a malheureusement rien de cela ici.