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La société des poètes disparus à la française ou comment José Garcia réussit à sauver la mise

3.0
Notre critique

Dans la peau de Cyrano a tout pour plaire aux amateurs de films scolaires inspirants: un professeur un peu rebelle, un élève en quête de confiance et une touche de théâtre en guise de catharsis. Une recette trop bien connue qui ne surprend plus. Reste une œuvre sincère et charmante, portée par le charisme de José Garcia et l’émotion brute de son jeune acteur principal.

Ah! Ces films sur l’école… La société des poètes disparus de Peter Weir (1989), Le destin de Will Hunting de Gus Van Sant (1997), Les choristes de Christophe Barratier (2004) et tant d’autres…

Si vous aimez le genre, Dans la peau de Cyrano risque de vous plaire, mais assurément pas de vous surprendre.

Avec son nouveau film, Jennifer Devoldère (Sage-homme, Le nom du fils) s’attaque à un scénario oscillant souvent entre clichés et émotions. Pourtant, c’est avec une bienveillance manifeste que la réalisatrice nous invite à suivre le parcours de Colin, un adolescent bègue qui découvre dans le théâtre une voix et un espace d’émancipation.

L’inspiration est évidente: La société des poètes disparus (bien sûr!), mais aussi un peu de Billy Elliot de Stephen Daldry (2000) et un soupçon de La famille Bélier (2014). Si le film n’atteint pas la grandeur de ses modèles (malheureusement!), il n’en demeure pas moins une œuvre touchante, à moins que vous ayez vraiment un cœur de pierre…

À la suite du divorce de ses parents, Colin (Joachim Arseguel, lui-même bègue depuis toujours) emménage avec sa mère dans une petite ville de province et doit affronter l’épreuve redoutable d’un changement d’école. Sensible et réservé, l’adolescent de 14 ans craint l’intimidation liée à son bégaiement. Pourtant, il se fait rapidement des alliés: Maxence, un camarade queer assumé, Adélaïde, son premier amour, et surtout M. Devarseau (José Garcia), un professeur de français passionné qui l’encourage à rejoindre l’atelier théâtre du collège. Malgré la réticence protectrice de sa mère, Colin décide d’auditionner pour la pièce Cyrano de Bergerac, où il trouve un écho troublant à ses propres luttes. (D’ailleurs, le film donne vraiment envie de redécouvrir le classique d’Edmond de Rostand!)

Jennifer Devoldère filme ce parcours initiatique avec tendresse, s’appuyant sur une distribution adolescente juste et naturelle. Joachim Arseguel livre une performance convaincante, tandis que José Garcia insuffle une énergie indéniable au film. Son personnage rappelle inévitablement celui de Robin Williams dans Le Cercle des poètes disparus (on y revient encore, c’est infaillible), mais n’en est pas moins sincère. Certaines scènes, notamment celles avec la grand-mère italienne (attachante Vittoria Scognamiglio), apportent une légèreté bienvenue. On adore ce personnage et on en aurait pris plus!

Malgré tout, le film souffre d’un certain académisme. Les messages sur la tolérance et l’acceptation de soi sont louables, mais souvent appuyés avec un manque de subtilité. Tout est aussi très prévisible, du parcours de Colin à l’opposition des autorités scolaires face au professeur aux méthodes peu orthodoxes.

C’est dommage, mais Dans la peau de Cyrano manque d’originalité pour pleinement marquer les esprits. Heureusement, le charisme naturel de José Garcia et la justesse du jeune Joachim Arseguel offrent au récit une dose de panache qui le rend plaisant. Un feel-good movie efficace, mais qui est loin de révolutionner le genre.