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Entrevue

Un humour pas comme les autres pour Mathieu Cyr

L'humoriste Mathieu Cyr se blesse en spectacle

Mathieu Cyr a diplômé de l'École nationale de l'humour en 2007. Pourtant, c'est seulement 12 ans plus tard qu'il présente au public québécois son premier one-man-show. L'humoriste nous explique pourquoi il a attendu aussi longtemps : « J'ai eu des enfants, la vraie raison, c'est ça », indique celui qui se décrit comme « un gars de famille ».

« Je ne voulais pas laisser ma blonde toute seule à la maison alors qu'ils étaient en très bas âge. La première fois qu'on m'a proposé un one-man-show, ma blonde était enceinte jusqu'au cou et ma fille avait à peine deux ans. J'ai reporté le projet et là, je trouve que mes enfants sont assez vieux, je peux les trainer en tournée avec moi et quand ils restent à la maison, c'est moins dur à gérer. »

Évidemment, il y a des avantages à avoir autant patienté avant de présenter un premier spectacle solo. « Comme ça fait longtemps que je fais ça, je ne suis pas quelqu'un de nouveau dans le milieu qui a été propulsé à l'avant-plan. Je n'ai pas pris l'ascenseur, j'ai monté les marches une par une. Je sais d'où je viens et où je vais, donc je suis plus groundé », souligne-t-il.

Mathieu Cyr a choisi un visuel un peu différent pour son spectacle, intitulé Le chaînon marquant. L'affiche (voir ci-dessous) met en scène l'humoriste avec de petits singes en plastique qui s'imbriquent. « On ne voulait pas aller dans des clichés avec l'homme des cavernes et sa massue, je voulais quelque chose de plus subtil que ça et ils ont vraiment mis le doigt dessus, quand j'ai vu l'affiche j'étais très content avec le pastel et les singes. Quand tu vois 15 humoristes qui ont juste leur face et leur nom en dessous... là tu arrives avec ça, ça donne autre chose. »

Le titre vient du personnage qu'on lui collait à la peau à l'École nationale de l'humour. « Mon clown intérieur à l'école de l'humour c'était l'homme des cavernes. J'ai de longs bras, j'ai une démarche un peu sloppy avec la tête qui bounce, les cheveux longs... »

Dans son spectacle, Mathieu Cyr aborde des sujets personnels, plutôt originaux. « Je parle du trouble de déficit d'attention parce que j'en ai un et je parle de la douance parce que j'en ai une, ça c'est une condition qui est plus ou moins connue donc je trouve ça cool de pouvoir en jaser. Je parle du fait que j'habite en commune avec une famille dans la même maison, je parle aussi du fait que je fais l'école à la maison avec mes enfants. Je ne voulais pas arriver avec des histoires de drill ou de IKEA avec ma blonde. Il y en a déjà qui font ça et ils sont bons. Je n'avais pas le goût d'être le 1000e qui se pitche sur ce terrain-là. »

Les critiques montréalaises ont été particulièrement emballées par le premier one-man-show de Mathieu Cyr. « J'ai vu plusieurs humoristes passer au bat récemment », mentionne l'humoriste. Il faut dire qu'effectivement, les professionnels ont été plutôt acerbes envers les propositions de certains de ses collègues dans les derniers mois. « J'arrivais sur les talons mettons », ajoute-t-il. « À cause que j'avais ces sujets-là. Ils ont reconnu les bouts comiques, la qualité des textes... Je n'aurais pas pu espérer mieux. »

Nous avons profité de notre rencontre avec Mathieu Cyr pour aborder le sujet du plagiat de certains humoristes, dont Gad Elmaleh, qui a copié effrontément plusieurs artistes québécois, dont Louis-José Houde. « C'est cool que CopyComic ait sorti ça. Quelque part, je trouve ça bénéfique parce que ça montre des humoristes québécois sur le même pied d'égalité que les Américains; Jerry Seinfeld et les autres. On voit que le Québec est, selon moi, l'endroit de la francophonie le plus avancé en humour dans le monde », indique-t-il. « Je sens que ça va secouer le système. »

La première de Québec du spectacle de Mathieu Cyr aura lieu ce mardi 12 février à Salle Octave-Crémazie du Grand Théâtre. Pour voir toutes ses dates de spectacle, cliquez ici.