On le sait, la compétition dans le monde de l'humour n'a jamais été aussi féroce que maintenant. L'offre est diversifiée et les nouveaux humoristes viennent jouer dans les platebandes des vétérans. Martin Petit, avec ses plus de 30 ans de carrière et son impressionnante feuille de route (impro, télé, cinéma), fait partie du deuxième groupe. Avec ce quatrième one-man-show, on sent que l'humoriste a voulu se mouiller davantage et oser aborder des thématiques sensibles. Le spectacle ne s'intitule pas Pyromane pour rien. D'ailleurs, quand les gens dans la salle lâcheront quelques « hoouuu » désapprobateurs, il leur balancera : « le show c'est Pyromane, pas Paparmane ».
Mais est-il aussi bouillant qu'il le prétend? D'un certain côté, on peut dire que oui puisqu'il traite de sujets tabous avec un bel aplomb. Les prêtres pédophiles, la sexualité des personnes âgées, les handicapés, le port de la burqa, l'homosexualité, l'allaitement et les menstruations font partie des thèmes qu'il attaque de front. Il laissera également entendre qu'on devrait donner une arme à toutes les femmes afin qu'elles se protègent des prédateurs et des mauvaises langues. « Safia Nolin avec un AK47, elle pourrait aller à l'ADISQ nue boules et Richard Martineau ne dirait rien. »
Malheureusement, il consacre peu de temps à chacun de ses sujets corrosifs ce qui engendre un ensemble assez décousu. Mais, dans cet amoncèlement de trames se trouvent de petits bijoux. Nous avons particulièrement craqué pour une ligne sur les plongeurs de la SQ, qui sont, il faut le dire, rarement impliqués dans les blagues des humoristes québécois.
Si Martin Petit parle de sujets brûlants, peu exploités par ses confrères et consoeurs, de façon rafraîchissante, il verse également dans le convenu à quelques reprises, notamment en remâchant certaines généralités sur les réseaux sociaux et l'internet ou les garanties prolongées.
L'humoriste s'est beaucoup inspiré de l'actualité des dernières années pour monter son spectacle. Comme nous ne l'avions pas vu sur scène depuis six ans, il pouvait se permettre de faire une revue de certains évènements marquants de cette période. Il parlera aussi de son passage récent dans la cinquantaine et de ses deux jeunes garçons.
Ce nouveau spectacle de Martin Petit est plutôt convaincant, malgré quelques défauts mineurs. L'humoriste parvient à capter notre attention dès les premières lignes et nous sommes pendus à ses lèvres jusqu'à la fin. Son audace aura été payante. Si on espérait une meilleure cohésion globale, certains gags fabuleux nous permettent de tout lui pardonner.