Si les humoristes de l'âge de Pierre-Yves Roy-Desmarais adoptent, pour la plupart, un style de stand-up dépouillé, lui jongle avec tout ce qui a été boudé par les artistes de sa génération : la comédie physique, les personnages et le variété. Ce deuxième spectacle, intitulé « Une année en un an », est encore plus audacieux que son premier one-man-show, qui était déjà assez inusité dans sa forme et son fond. Il parle d'une « version optimisée » de lui-même et on ne saurait mieux décrire ce nouvel effort ambitieux.
L'humoriste propose, une fois de plus, plusieurs chansons dans son spectacle, ce dont ses fans raffolent. Il a encore réussi à créer des pièces accrocheuses, qu'on fredonne en retournant à sa voiture et qu'on ramène - avec ou contre son gré - jusqu'à la maison. D'ailleurs, la dernière chanson rassemble plusieurs éléments du spectacle, offrant un résumé complètement délirant de la soirée. Notre préférée : son rap « What the fuck » dans lequel il exprime certaines incompréhensions du quotidien.
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Il amorce ce second spectacle solo en disant qu'il est récemment devenu papa, mais qu'il refuse de parler de son nouveau rôle de père sur scène, comme l'ont fait et le font encore beaucoup de ses collègues masculins. Il dit plutôt qu'il préfère s'intéresser au rôle de la femme dans la parentalité, introduisant ainsi son personnage de « mère à bout de nerfs qui fait des jokes de mère ». Il enchaîne alors les one-liners grossiers en jonglant avec son verre de vin blanc.
En plus de son piano, de son tabouret sur roulette et de sa table de mixage, Pierre-Yves amène sur scène plusieurs accessoires qui lui serviront à illustrer ses numéros, tous plus déjantés les uns que les autres. On retrouve aussi une caméra et trois écrans géants dans le terrain de jeu du saltimbanque de Terrebonne. Il utilise d'ailleurs adroitement les outils mis à sa disposition, notamment lors d'un excellent segment sur le restaurant Onoir.
L'humoriste occupe la scène de façon intégrale, se jetant d'un côté à l'autre sans répit pendant 1 heure 10. Bien qu'on aurait espéré que le spectacle dure un peu plus longtemps, on ne peut que s'imaginer à quel point un spectacle comme celui-là doit être exténuant. Il termine la soirée avec la même énergie débordante qu'au début, ne montrant aucun signe d'essoufflement.
Les fans de Pierre-Yves Roy-Desmarais seront assurément sous le charme de ce deuxième one-man-show qui nous propulse dès la seconde un dans l'univers givré de « Showtime PY ». Même s'il passe souvent du coq à l'âne - du temps comme unité de mesure au fromage d'un cigare en saucisse 🤷♀️ -, ce nouveau spectacle est habilement réfléchi et construit. Il faut beaucoup d'équilibre et de rigueur pour livrer une oeuvre aussi brillamment décalée... Bravo à Pierre-Yves Roy-Desmarais et son équipe pour ce produit qui fait figure d'ovni dans le paysage humoristique actuel, mais qui fait un bien fou!


