« Une poupée de porcelaine qui conduit un tank », c'est l'image que l'ex de Mariana Mazza, Alexandre Barrette, a utilisé pour décrire l'humoriste et on pourrait reprendre la même analogie pour parler de son nouveau one-woman-show, Foie gras. Parce que sous l'énergie infatigable de l'artiste et son humour corrosif se cache une sensibilité qu'on a rarement vue chez elle. Dans ce troisième spectacle, Mazza révèle plusieurs pans de sa vie personnelle, à commencer par sa relation avec Alexandre Barrette.
Celle-ci raconte certaines anecdotes de leur vie de couple, dont la fois où elle l'a forcée à aller aux toilettes dans une station-service parce qu'elle venait de laver la cuvette dans leur condo. Même si sa psychorigidité entrait parfois en collision avec l'anxiété de son partenaire, ils se sont aimés pendant sept ans et sont toujours de grands amis d'ailleurs. Mariana aborde aussi sa relation avec ses amis, dont la défunte Denise Bombardier, les membres de sa famille (rendant notamment un hommage touchant à sa mère) et sa psychologue, une « vieille gecko en période de mue qui a perdu sa queue ».
Si elle s'en prend à son entourage sans vergogne, l'humoriste volubile est encore plus acide avec elle-même. Elle parle de ses travers sans filtre, dont sa misophonie (la sensibilité à certains sons) et ses inexorables contradictions. Elle aborde aussi son récent embourgeoisement, vivant désormais dans la riche banlieue de Saint-Lambert. D'ailleurs, sa comparaison entre les enfants qui font du porte-à-porte à Saint-Lambert et à Hochelaga-Maisonneuve est absolument délicieuse. L'un amasse de l'argent pour son équipe de water-polo, l'autre vend des tablettes de chocolat pour s'acheter un motocross.

Les gens qui trouvent que je parle trop fort, c'est que vous n'êtes pas assez sourd.
Mariana Mazza raconte aussi les récentes conférences qu'elle a faites dans trois différentes écoles secondaires lors des Journées de la persévérance scolaire. Après avoir été blessée par le commentaire d'un étudiant sur son poids, elle a été inspirée à écrire un livre contenant des répliques assassines que les professeurs pourraient répondre à leurs élèves en cas de dérapage. Par exemple : « Ta moustache est aussi molle que ta queue ». Ce numéro mordant s'avère un de nos préférés du spectacle.
L'humoriste conclut son tour du chapeau en parlant de son récent diagnostic de la maladie du foie gras. Son récit se révèle être à la fois hilarant et touchant. D'ailleurs, elle se tempère de plus en plus jusqu'à terminer le spectacle dans une certaine (c'est quand même Mariana Mazza) sérénité et douceur.
Ceux qui aiment Mariana pour son style grinçant, sa vivacité d'esprit et son énergie inépuisable reconnaîtront bien leur humoriste chouchou, mais ils seront peut-être surpris de découvrir aussi une poignante vulnérabilité. On a beaucoup aimé le chihuahua sur le Red Bull, mais la poupée de porcelaine dans son tank a beaucoup à nous offrir.


