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Humour

Corbeil et Maranda n'épatent pas

Première du spectacle Corbeil et Maranda au Capitole de Québec
Perplexe
Notre critique
Mimes, sketchs, personnages, sand-up, imitation : trop d'oeufs dans le même panier

Alors que la scène humoristique québécoise a, depuis longtemps, laissé de côté les sketchs, les mimes, les personnages et les imitations pour s’investir dans le stand-up pur, Jean-Marie Corbeil et François Maranda ont décidé de monter un spectacle comique de variétés mariant tous ces mal-aimés de l’humour. Mais, n'y aurait-il pas une bonne raison pour laquelle les humoristes ont abandonné ces styles particuliers?

Peut-être qu’avec un fil conducteur mieux défini et des textes plus inventifs, l’amalgame des genres pourrait générer un certain intérêt, mais il manque encore beaucoup de fignolage avant qu’on puisse considérer ce spectacle, intitulé Naïfs, comme abouti et intéressant.

Les blagues superficielles, qui s’aventurent un peu trop souvent dans le sexisme, ne rejoignent pas le public, qui pousse quelques rires dociles sans jamais s’emballer. Peut-on vraiment, en 2019, monter un sketch avec deux hommes déguisés en femme (donc : torses nus avec un soutien-gorge) qui parlent tout bonnement de consentement sexuel avec une petite voix aigüe en se maquillant devant un faux miroir? On a beau être ouvert d’esprit, on a un malaise avec une situation comme celle-là. Leurs farces de toxicomane qui snife des patates en poudre, d'énormes suppositoires ou de chanteur de pomme vulgaire ne nous ont pas réconcilié avec leur oeuvre.

Les deux humoristes, qui n'ont pas peur du ridicule, savent quand même miser sur leurs forces respectives. Corbeil démontre à plusieurs reprises ses talents de mime et son rythme effarant alors que Maranda s'aventure dans quelques imitations. Si sa Marina Orsini ne nous a pas épatés (le sketch la mettant en scène non plus d'ailleurs), son Michel Côté était plutôt convaincant.

Quand ce sont les problèmes techniques et les blancs de mémoire des artistes qui génèrent les rires les plus sincères, on ne peut que constater les faiblesses évidentes de la proposition, qui n'est pas de taille dans le bassin actuel.