Sam Breton débarque sur scène en toute simplicité. Dès les premières minutes, on comprend que nous n'aurons pas droit à beaucoup de fla-fla avec ce « p'tit gars de région ». Avec comme seul accessoire un tabouret dont les pattes sont un pic et une pelle (titre de son spectacle), il nous raconte les aléas de sa vie avec un franc-parler dynamique, souvent caustique.
Il plonge dans la vulgarité sans gêne, frisant aux passages les oreilles chastes de certains spectateurs. Quand, en début de soirée, il traitera sa mère de « conne », il mettra en garde son public : il ne faut rien prendre au premier degré. Et si certains sont mal à l'aise avec son vocabulaire prosaïque, il leur répond : « j'men contre suce le cul ». Ça a le mérite d'être clair!
Outre ce passage plus sérieux sur le suicide, Sam Breton aborde des thématiques légères (le stationnement en parallèle, les animaux de compagnie, sa famille, les enfants). Ce ne sont pas des sujets particulièrement originaux ou audacieux, mais sa manière bien à lui de les amener excuse le manque d'exotisme. Le récipiendaire du trophée de la Découverte de l’année au plus récent Gala Les Olivier s'avère un raconteur hors pair. Physique et expressif, il nous transporte sans peine dans son univers loufoque. On se reconnait dans ses histoires rocambolesques ainsi que dans le portrait réaliste qu'il brosse des membres de son entourage. « Nos mères ont toutes un dénominateur commun : elles ferment jamais leur yeule! »
Il agrémente ses anecdotes de délicieuses expressions dont lui seul à la recette; le Capitaine Charles Patenaude du Romano Fafard peut aller se rhabiller. Nos préférées : « Faut quand même donner à César la salade qu'il a commandé », « C'est pas le patin le plus aiguisé de la poche » et « je saute du coq à truie ». Sa verve singulière et colorée permet à Sam Breton de se distinguer dans le monde contingenté de l'humour québécois.
Il termine son spectacle sur une anecdote racontant le cauchemar de sa blonde qui a dû uriner dans un verre alors qu'ils étaient piégés dans un trafic monstre sur l'autoroute 20. Bien que très amusante (surtout ponctuée de ses délicieux mimes), on aurait préféré une finale moins banale. Reste que Sam Breton livre un premier one-man-show efficace et candide qui est loin de décevoir son large public.