Anna Kiri, deuxième long-métrage du réalisateur Francis Bordeleau (Wolfe), qu'il co-scénariste avec Valérie Chevalier et Alexandre James-Taboureau, présente un monde qui ne fait pas dans la dentelle : criminels en cavale, meurtres, consommation. Et pourtant, Anna (Catherine Brunet), le personnage principal, rêve de pouvoir s'affranchir et de mettre fin à un cycle de violences familiales perpétuées en quelque sorte par son frère Vincent (Maxime de Cotret) et l'univers qui les entoure. Le thème de la liberté est revenu souvent dans notre entretien avec les principaux artisans du film.
C'est d'ailleurs cet esprit libre qui a donné envie à l'interprète d'Anna de plonger dans le projet : « Je pense que c'est le côté rebelle un peu, le fait que Francis ait voulu faire un film malgré le fait qu'il n'y avait pas nécessairement le soutien des institutions au début. On le sait que c'est dur de faire des films, même quand on a du financement. Moi, cette motivation-là de Francis, en fait, ce côté rebelle qui est dans Anna, aussi le personnage, je le trouve charmant. »
Catherine et Francis se connaissaient déjà depuis longtemps, ce qui a été un facteur décisif pour ce dernier : « Ça me prenait quelqu'un de confiance pour jouer ce rôle-là, quelqu'un qu'on pouvait aller pousser dans les derniers retranchements, puis je pense que ça passait par l'amitié que j'ai avec Catherine, donc c'est un choix naturel puis instinctif. » Et rapidement ensuite, celui de Vincent est apparu comme une évidence au réalisateur : « Ça a été un processus là aussi instinctif, curieusement, parce qu'après quelques auditions, je savais déjà qui je voulais pour le rôle, puis c'était unanime dans l'équipe aussi. Je n'étais pas seul à prendre les décisions. Encore une fois, l'instinct a parlé. »
Si le propos du film n'est pas très léger, l'équipe me parle d'une expérience de tournage dans la joie. Catherine et Maxime étaient particulièrement contents de se retrouver, eux qui se connaissent depuis bientôt quinze ans, pour ce projet qui leur a demandé de s'investir complètement mentalement et physiquement : « Je crois qu'on est capable d'aller loin ensemble parce qu'elle est tellement généreuse et c'est facile de plonger son regard en elle et de la faire sortir ce qu'il y a de mieux. C'est facile d'y en donner, si elle nous en donne, fait que c'est un peu un cercle vicieux de positif », me dit-il. Charlotte Aubin mentionne que son personnage, Cindy, une amie du frère et de la soeur, malgré le contexte dans lequel il se trouve, réussit à y trouver son compte : « Il y a quelque chose dans ce personnage-là qui fait du bien parce qu'il est complètement libre. Il n'est pas taraudé avec la peur de la mort. C'est violent, mais en même temps, c'est jouissif. C'est des pulsions de vie qu[e Cindy] n'a pas à contrôler. »
Si Anna, en cours d'histoire, fait le saut dans un monde un peu plus ordinaire (pas pour autant plus sain, toutefois), encouragée par un professeur d'université qui a trouvé son journal intime, Catherine m'avoue avoir préféré jouer les scènes un peu plus champ gauche, moins courantes au cinéma québécois : « La petite gang du début, c'était des scènes d'action où on porte des perruques, on a des battes de baseball, il y a des chars. C'est quand même rare de pouvoir faire ça. » Francis, lui, a affectionné particulièrement les scènes de pyrotechnie avancée, qui ont demandé une grande préparation et une extrême prudence : « Je travaillais de près avec des cascadeurs professionnels, donc ça a été une école. J'étais comme un enfant. »
« Pour moi, c'est un film qui se veut punk et anti-conformiste. J'ai l'impression que si on peut retirer de faire les choses, pas de s'entêter à faire les choses comme on le veut, mais d'oser transgresser des règles pour être capable de s'affranchir d'un système qui est en place. » C'est ce que Maxime espère que les spectateurs retiendront. Charlotte mentionne l'audace et Catherine, de ne pas avoir peur de s'exprimer. En définitive, la liberté apparaît clairement comme le film conducteur, de la conception à la réalisation.
Anna Kiri sera en salles dès le 26 septembre 2025.





