Le réalisateur James L. Brooks, âgé de 85 ans, vient tout juste de sortir son dernier film. On se rappelle qu'il est le cocréateur de la mythique émission The Simpsons, et qu'il est bien connu pour ses films mêlant comédie et profondeur. Brooks n'avait toutefois pas signé de long-métrage depuis les 15 dernières années, donc cette sortie était certaine de ne pas passer inaperçue, surtout considérant la distribution impressionnante de cette comédie.
Le film suit le personnage de Ella McCay (joué par Emma Mackey), une jeune femme ambitieuse qui évolue dans le monde politique d'un État américain fictif, mais dont l'ascension professionnelle est ébranlée par son contexte familial dépeint comme dysfonctionnel. Les tensions tournent principalement autour de son mari, joué par Jack Lowden, de son père, interprété par Woody Harrelson et de son frère, incarné par Spike Fearn. C'est à se demander s'il n'y a pas une analyse plus poussée à faire concernant le fait que les hommes de sa famille l'empêchent de briller.
Même si ce contraste de genres ne semble pas intentionnel, il est flagrant et montre un schéma très stéréotypé de la femme ralentie dans son épanouissement professionnel parce qu'elle doit compenser pour les hommes toxiques de son entourage. Le film effleure aussi le thème de la famille idéale en nous rappelant que, derrière les apparences parfaites, tous les noyaux ont leurs fissures.
L'intérêt principal de ce film est sans aucun doute la distribution de haut calibre, qui compense pour le scénario décousu et chétif. Emma Mackay tient le rôle principal et est soutenue de main de maître par Jamie Lee Curtis. Elles nous offrent une performance charmante, qui fait sourire, mais nous prouvent que même avec leur talent et entourées d'une équipe séniore, le scénario les tire vers le bas. Celui-ci manque de clarté et n'est pas très engageant. Le fil narratif est parfois incohérent avec des personnages très peu développés, mais gardons en tête que ce film reste tout de même chaleureux et léger.
Force est d'admettre que cette dernière œuvre n'est pas à la hauteur des attentes, surtout après ce que le réalisateur a déjà offert («Broadcast News» ou «Terms of Endearment»). L'idée de combiner comédie et politique apporte néanmoins quelques points intéressants et donne l'impression que l'histoire aurait pu rayonner davantage sous forme de série télé. Peut-être que l'épisodique aurait davantage permis de s'attacher aux personnages et que les dynamiques auraient semblé moins artificielles. Dans ce format filmique, le rythme déboule et les émotions arrivent trop rapidement, avant même que les bases ne soient posées.
Malgré les imperfections notables, on reconnait la signature de Brooks qui sait offrir des films empreints d'humanité. Cette fois-ci, on remarque le message d'espoir en l'humanité politique, ainsi que la difficulté à concilier famille et travail avec pression et ambition. Cependant, ce message manque malheureusement d'incarnation tout au long du film.
