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Trouvailles

Deux livres pour celles qui n'auront (peut-être) pas d'enfant

De plus en plus de femmes se réapproprient les questionnements sur leur désir de devenir mère. Dans une société où la contraception est largement accessible et permet plus efficacement que par d’autres méthodes d’empêcher la grossesse, davantage de femmes choisissent de ne pas avoir d’enfant. Voici deux livres qui parlent avec nuance et sensibilité de ce chemin que les autrices ont emprunté.

Dans Faire la romance, récit intime paru aux éditions Cardinal il y a un peu plus d’un mois, l’autrice Sarah-Maude Beauchesne relate son parcours relationnel dans la vingtaine, qui a alimenté au cours des dernières années ses réflexions sur la maternité. De ses déceptions amoureuses évidemment, mais de ses amitiés aussi, piliers constants et inébranlables qui lui permettent de s’ériger en grande anxieuse sur une fondation faite de femmes qui s’aiment fort. C’est dans cette sororité qu’elle fait le choix de ne pas avoir d’enfant. Mais évidemment, c’est plus complexe que cela. Parce que décider d’avoir un enfant est beaucoup plus grand que de simplement se demander si on est prêtes à changer des couches pendant un certain temps, ou si quelqu'un sera disponible pour garder lorsque nécessaire. Cela nous force à confronter la relation que l’on a avec notre entourage bien sûr, mais aussi avec nous-mêmes, notre corps, notre passé, la masculinité en général, notre sensibilité, et plus encore. La liste est étourdissante et pour beaucoup, épuisante. Plus que cela, Sarah-Maude finit par choisir de se créer une vie qui lui ressemble, totalement libre et imprévisible. Et à ceux qui lui diront qu’elle pourrait changer d’avis (on pense notamment à l’animateur d’une émission de télévision qui lui avait dit lors d’une entrevue qu’elle était sans doute trop jeune pour prendre une telle décision), elle répond : « Ouain, pis? »

Je pense que j’en aurai pas, roman graphique de Catherine Gauthier paru aux éditions XYZ le 20 septembre dernier, présente un portrait moins tranché de la situation, mais tout aussi légitime. Si l’autrice, de quelques années l’aînée de Sarah-Maude, fait le constat que le fait qu’elle n’ait pas eu d’enfant est en partie accidentel, elle n’assume pas moins sa réalité. Entrecoupés de témoignages de d’autres femmes nullipares (les deux autrices s’entendent d’ailleurs sur le fait qu’elles détestent ce mot), chaque chapitre présente une étape dans le processus d’évolution de Catherine sur la question. De son sentiment de ne pas se sentir adulte, à ne pas réellement trouver de bonne raison de vouloir plus que tout avoir un enfant à soi, en passant par la tâche compliquée de trouver la personne avec qui elle le ferait, ce bébé. Les dessins presque photographiques, en noir et blanc, participent à donner une atmosphère de rétrospective à ce livre. La lecture se termine sur une note positive, alors que Catherine, en paix avec sa situation, constate qu’elle a encore beaucoup de la vie à explorer en-dehors de la maternité, que cette dernière ne définit pas les femmes : « Il me reste tant de choses à faire, à voir et à découvrir. J'ai le temps. »

À mettre sous le sapin de celles qui sont réflexion, en peine ou en joie, et de ceux qui les entourent, pour qu’ils puissent comprendre. Pour d’autres suggestions littéraires québécoises à offrir, c’est par ici.