J'aime beaucoup Les Colocs. En fait, j'adore Les Colocs. Mes attentes envers cette production circassienne étaient donc très élevées. Bien qu'agacée par certains détails, on ne peut pas dire que le spectacle m'a déçu. Des numéros de haute voltige, des chorégraphies de danse bien rythmée, des disciplines variées et souvent impressionnantes ainsi qu'une excellente trame sonore font de ce nouveau spectacle un incontournable pour tous les nostalgiques de la musique de Dédé Fortin.
Vêtus d'un style rock-urbain, c'est au fond d'une ruelle que nous transporte les artistes. Chaque tableau raconte une histoire différente, mais jamais on ne quitte les sombres allées de la ville endormie. Bien qu'on ne retrouve pas de clown à proprement parler dans ce nouvel effort du Cirque du Soleil, tous les personnages ont une attitude ubuesque qui remplace habilement l'amuseur traditionnel. Certaines séquences sont aussi plus comiques que d'autres. Le spectacle passe de la mélancolie à la joie, de la profonde détresse à l'extase. Chaque numéro est amené avec suffisamment de finesse pour que le public ne soit pas dérangé par les changements de ton, parfois drastiques.
Le tableau de la lampe acrobatique dans lequel un artiste se balance sur une corde lisse dans la pénombre sur la pièce « Le répondeur » est d'une grande puissance émotionnelle. La voix fatiguée de Dédé Fortin amalgamée aux mouvements lents et gracieux du jeune homme touche le public droit au coeur. Ce numéro du mât chinois sur « Belzébuth » s'avère aussi impressionnant et romantique, quoique peut-être un peu trop littéral. On peut d'ailleurs reprocher à ce spectacle son trop grand attachement aux paroles des chansons. L'attitude féline sur « Belzébuth » n'était peut-être pas nécessaire, ni la complicité masculine sur « Tassé vous de d'la » ou les représentations concrètes de certains mots-clés. On peut parfois accuser le Cirque d'être trop métaphorique, mais pas ici.
Les arrangements musicaux sont assez formidables. Le directeur musical Jean-Phi Goncalves est parvenu à adapter l'oeuvre des Colocs au monde du cirque, sans la dénaturer. Le public n'a jamais de mal à reconnaître la pièce jouée. Certaines ont été écourtées, d'autres accélérées ou ralenties, mais aucune d'entre elles n'a perdu son essence originale. Vous pouvez entendre un extrait de l'adaptation de la pièce « Juste une p'tite nuite » ci-dessous :
Le Cirque du Soleil propose une intrusion déjantée dans l'univers musical des Colocs avec ce spectacle coloré et énergique qu'on vous recommande.