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Critique et Galerie de photos

Le gourou Nantel ne mâche pas ses mots

Guy Nantel ramène à l'ordre ses adeptes sur les réseaux

Guy Nantel est reconnu comme un humoriste politisé, engagé et pertinent. On ne va pas dans un spectacle de Guy Nantel pour entendre des blagues de pets ou des anecdotes de vacances en famille. Son contenu est niché et ses propos souvent provocateurs. Ce cinquième one-man-show en carrière ne fait pas exception à la règle. L'humoriste y est contestataire et frondeur.

Cette fois, il se présente à la foule comme un gourou. Il lui indique en début de spectacle que chaque fois qu'il mentionnera le mot « gourou », il aimerait que les spectateurs répondent d'un « Alléluia » dévotieux. Bien qu'il suggère aux gens de ne pas faire tout ce qu'on leur dicte sans réfléchir, la salle écoute sagement les commandements de son nouveau maître spirituel et scande ses enseignements. Cette soumission immédiate du public confirme, en quelque sorte, les propos évoqués par l'humoriste tout au long de son plaidoyer.

Évidemment, tout le discours de Nantel est à prendre au deuxième degré. Pris au premier niveau, l'humoriste serait certainement traité de raciste, d'homophobe, de xénophobe, de misogyne, de pervers, d'insouciant et d'égocentrique mégalomane. Heureusement, il y a un second degré. Parce que, il faut le dire, personne n'est épargné au sein du discours calomnieux et courroucé de Guy Nantel; chrétiens, musulmans, libéraux, fédéralistes, souverainistes, athées, féministes, Québécois, immigrants, handicapés, humoristes, même Gilbert Rozon, Éric Salvail et Jérémy Gabriel ont droit à leur part du gâteau. Mentionnons aussi que les gens au parterre se retrouvent également victimes de remarques désobligeantes de l'artiste.

« Faites pas des jokes sur les petits handicapésqui chantent comme des chaudrons...

Je n'ai pas nommé de noms; cessez vos jérémiades! »

Guy Nantel ose même s'attaquer à des sujets chauds, comme le consentement sexuel et la culture du viol. Armé de son ironie habituelle, il déplore le fait que les hommes doivent obtenir l'approbation des femmes à chaque étape de leur relation. «
Ça vient gossant en esti d'aller baiser chez le notaire
», se permet-il de lancer. Dans les circonstances actuelles, impossible de dire que Guy Nantel n'a pas d'audace.

«
Louis-José Houde est ce que le chip ordinaire est à la grignotine :ce n'est pas le meilleur, mais c'est le plus populaire.
»

Impossible de passer sous le silence l'écriture affutée et intelligente de l'humoriste. Personne dans le milieu de l'humour actuellement ne possède la plume expérimentée et cinglante de Guy Nantel. Ses analogies sont brillantes et ses thématiques hasardeuses, pleinement assumées. L'humoriste conclut son allocution sur une note d'espoir et d'engagement. Malheureusement, le monologue s'étire un peu trop longuement et le message se dilue dans la musique triomphale. Mais, voilà un spectacle acéré qui se démarque par son originalité et son impudence.