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Critique

Martin Perizzolo : L'intello pince-sans-rire

Martin Perizzolo : L'intello pince-sans-rire

Je me dois de l'admettre d'emblée : les premières critiques du one-man-show de Martin Perizzolo ayant été plutôt amères, j'avais quelques inquiétudes face à cette soirée passée en sa compagnie ce lundi à Québec. À mon grand bonheur, j'ai été agréablement surprise de la proposition à la fois intello et pince-sans-rire de l'ancien porte-parole des Fromages d'ici.

Martin Perizzolo arrive à nous convaincre qu'il n'est pas la « chochotte des Chic-Chocs » et qu'il a sa place dans le circuit des Humoristes d'ici.

L'humoriste s'attaque d'abord à l'éléphant dans la pièce : Expédition extrême. Pour beaucoup de Québécois, Martin Perizzolo est le barjot qui a pété les plombs à la télé parce qu'il ne voulait pas se mouiller les pieds et il le sait très bien. Ne reniant pas sa réaction démesurée, l'humoriste propose sa version des faits au public. Il explique le concept qu'on lui avait vendu au préalable et les changements opérés en cours de route. Bien qu'il n'excuse pas son attitude détestable, son récit amène à voir différemment toute l'affaire et nous déride d'emblée. Il s'agit d'une bonne initiative que d'avoir introduit son spectacle avec cette anecdote. Peut-être mériterait-elle légèrement plus de contextualisation pour les gens qui n'ont pas été témoin des vagues monstres que cette affaire a engendrées dans les médias. Reste qu'elle s'avère un prologue fort efficace, impossible de le nier!

«
L'Expédition extrême qu'il m'avait promise,je l'ai vécu après l'émission.
»

Armé de beaucoup d'autodérision et d'un côté analytique très développé, l'humoriste aborde les thématiques de l'image, des réseaux sociaux, des technologies, de la société de consommation, du corps humain ainsi que de l'alimentation (chapeau pour ce passage hilarant sur la susceptible salade mesclun) avec fluidité et pertinence. Un numéro sur le casting d'un acteur, mettant en scène des gens dans la salle, s'est révélé aussi particulièrement efficace en première partie.

Les 90 minutes du spectacle Nous de Martin Perizzolo s'envolent sans trop de longueurs. La seconde moitié manque quelque peu de rythme, mais rien de bien majeur. Son décor - les trois côtés d'un aquarium - s'avère malheureusement sous-utilisé. Dans cette grande autopsie du genre humain, on aurait espéré une image plus forte et révélatrice que celle-ci. Un poisson cousu au dos du veston de l'humoriste se reflète (maladroitement) sur ses écrans. L'idée est bonne, mais le résultat est décevant. Perizzolo se retrouve la plupart du temps sur une scène noire avec une roche décorative qui perd de sa signification sans autre support visuel. Il ne faudrait probablement que quelques petits ajustements pour que la magie opère.

Martin Perizzolo arrive à nous convaincre qu'il n'est pas la « chochotte des Chic-Chocs » et qu'il a sa place dans le circuit des humoristes d'ici.