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Critique

District 31 : Police de proximité

Top 10 des meilleures séries québécoises de 2016

Remplacer Virginie par 30 vies n'était pas ce qu'on pourrait qualifier de geste audacieux; deux drames humains se déroulant dans le milieu scolaire écrit par la même auteure. Les téléspectateurs adeptes de Virginie n'ont pas été ébranlés en janvier 2011 quand Fabienne Larouche est arrivée avec son nouveau concept, et ce, même si l'acteur ou l'actrice principal(e) changerait désormais de saison en saison.

Mais cette fois, Radio-Canada propose quelque chose d'assez différent pour que ceux qui étaient indifférents aux péripéties des profs de Sainte-Jeanne-d'Arc et du Vieux-Havre s'intéressent à nouveau à cette case horaire de début de soirée, occupée depuis 20 ans (!!!) par la plume singulière de Fabienne.

Le format (22 minutes) - peu conventionnel pour ce genre d'intrigue, mentionnons-le - force une précipitation de l'action surprenante qui nécessite un temps d'adaptation.

On s'intéresse dans District 31 aux péripéties d'enquêteurs de la police de Montréal qui ont récemment été relocalisés dans des postes de quartier après avoir travaillé nombre d'années tous ensemble dans des quartiers généraux (il ne faut pas cligner des yeux, car ce détail est expliqué très brièvement dans une saynète au début du premier épisode). Les protagonistes - Nadine Legrand (Magalie Lépine-Blondeau) et Patrick Bissonnette (Vincent-Guillaume Otis) - sont suffisamment attachants et assez convaincants pour que le public s'identifie à eux et s'en entiche. Précisons que Marilyse Bourque, qui interprète la mère d'un jeune garçon disparu (première intrigue de la saison), est époustouflante. Elle nous fait souhaiter de ne jamais vivre de situations semblables, de proche ou de loin.

Bien sûr, nous ne sommes pas ici dans 19-2. Les choses ne vont pas au même rythme que dans les séries policières que nous avons eu la chance de voir au Québec ces dernières années. Le format (22 minutes) - peu conventionnel pour ce genre d'intrigue, mentionnons-le - force une précipitation de l'action surprenante qui nécessite un temps d'adaptation. Les épisodes (nous avons pu voir les quatre premiers épisodes en visionnement de presse) se terminent généralement sur un cliffhanger qui encourage le téléspectateur à revenir le lendemain pour connaître la suite de l'histoire. Un principe efficace, fort bien exploité par l'auteur Luc Dionne. Au contraire de ce à quoi on s'attendait, la première enquête (qui concerne l'enlèvement d'un enfant, rappelons-le) ne se boucle pas à la fin du quatrième épisode. District 31 nous laisse, encore là, sur un suspense, qui nous donne déjà hâte au 19 septembre.

Le fait qu'on surligne à gros traits la possible idylle entre les deux protagonistes embête aussi un peu. Une attirance ou un amour naissant entre deux collègues de travail n'est pas particulièrement étonnant, mais il aurait eu avantage à être présenté de façon plus subtile.

On ne peut passer sous le silence ces quelques moments plus didactiques, notamment lorsque l'auteur tente de contextualiser l'action ou d'expliquer un concept ou une loi à travers le discours de ses personnages, qui gênent l'appréciation globale de la chose. On s'imagine par contre que cet encadrement pédagogique s'éclipsera progressivement au fil des épisodes et de l'intelligibilité du public face à l'univers policier de Dionne. Le fait qu'on surligne à gros traits la possible idylle entre les deux protagonistes embête aussi un peu. Une attirance ou un amour naissant entre deux collègues de travail n'est pas particulièrement étonnant, mais il aurait eu avantage à être présenté de façon plus subtile. Par contre, mentionnons que la romance n'a jamais été la tasse de thé du scénariste d'Omertà.

Tout compte fait, District 31 s'avère une belle surprise qui nous amène ailleurs, loin de Sainte-Jeanne-d'Arc et du Vieux-Havre. Les amateurs du style de Fabienne Larouche ne seront pas, par contre, complètement dépaysés. Et ceux qui ne se sentait pas particulièrement concernés par les tribulations en milieu scolaire pourront se réjouir du changement de direction opéré par Radio-Canada cet automne.