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Critique et Galerie de photos

Mario Tessier : Seul comme un grand : « Un oiseau-mouche s'a coke »

Mario Tessier : Seul comme un grand : « Un oiseau-mouche s'a coke »

Précisons avant toute chose que je n'ai jamais été une fan des Grandes Gueules. Au Québec, nous bénéficions d'une grande diversité d'humoristes; certains sont plus de variétés, d'autres s'illustrent par une signature de conteurs, plusieurs s'en tiennent à du stand-up conventionnel et quelques-uns osent les personnages; autant de styles pour autant d'artistes.

Mario Tessier joue sur plusieurs facettes à la fois; il chante et danse, raconte des anecdotes de sa jeunesse et de sa carrière, livre quelques monologues espiègles et rappellent de bons moments de sa vie professionnelle avec Les Grandes Gueules en ramenant de célèbres personnages nés à la radio. Peut-être que cet éparpillement fait partie du problème...

Le premier qualificatif qui m'est venu à l'esprit pour définir les blagues de Mario Tessier était « mononcle ». Je sais, c'est sévère, mais le manque d'originalité dans l'humour de Tessier désole. Prendre deux minutes pour expliquer que le cerveau d'un adolescent est dans sa graine, que l'intelligence des hommes migre dans leurs pantalons lors de la puberté, ce n'est pas particulièrement distinctif. Personnellement, c'est lorsqu'il s'est mis à parler des « touffes » des années 1980 et qu'il a terminé son segment par « Touffe pour un et un pour touffe » que j'ai perdu toutes mes illusions...

Petite note au passage à tous les humoristes : cessez de faire des blagues sur Joël Legendre, nous avons atteint notre taux maximal de saturation de jokes de gars qui montrent leur pénis dans un parc. Tous les jeux de mots, les métaphores et les comparaisons ont été faites sur le sujet. On passe à autre chose svp.

Mario Tessier a aussi risqué gros en choisissant de faire de son premier spectacle solo une autobiographie. Seul comme un grand débute sur des images de lui à différentes époques de sa vie (accompagnées, précisons-le, par une superbe chanson signée Patrice Michaud) et lorsqu'il entre en scène, il raconte avec emphase et attirails visuels la journée de sa naissance. S'en suit une foule d'anecdotes cocasses entourant certains passages clés de sa vie personnelle et professionnelle, jusqu'à se clore sur un numéro musical soulignant sa passion pour les karaokés. Malheureusement, rien dans ces mémoires ne justifient un spectacle de deux heures.

L'humoriste tente visiblement de faire ressentir différentes émotions à son public, mais les séquences dramatiques (notamment lorsqu'on lui annonce la mort tragique de son père) sont plus embarrassantes qu'émouvantes. Le moment où on sent l'artiste le plus à l'aise et en contrôle de ses moyens est lorsqu'il reprend ces personnages et imitations qui ont fait de lui la vedette qu'on connaît. Gilles Vigneault, Jean-Marie Dieudonné Bien Sûr, Jacques Demers, Raymond 57 ans, Ti-rouge et Sonia la coiffeuse de Jonquière sauront rappeler de bons souvenirs aux invétérés des Grandes Geules.

Il faut quand même souligner la superbe mise en scène de Serge Postigo (mention spéciale aux projections vidéos qui dynamisent le spectacle et accentuent l'efficacité comique) et la générosité de l'interprète. Bien que je n'ai pas été séduite par l'humour de Mario Tessier, je dois admettre qu'il impressionne par son énergie débordante et communicative et la sympathie instinctive qu'il engendre (oui, je l'avoue, on dirait que je lui remets un prix de participation...).