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Éditorial

Unité 9 : Marie devient un tyran; est-ce qu'on pousse le bouchon?

J'aime Unité 9. La série est devenue un rendez-vous incontournable de mes mardis soir. Il s'agit probablement d'ailleurs de la seule émission que je regarde encore en direct. Mais certaines tangentes de l'histoire me donnent parfois l'impression d'écouter « Les feux de l'amour » ou « Dallas ».

Quand Caroline s'est mise à vendre de la drogue pour payer les réparations de sa maison, j'ai grincé des dents, mais j'ai accepté. Quand on nous a lancé au visage que Marie était en fait la mère de Lucie et non pas sa soeur, j'ai lâché quelques soupirs de découragement, mais j'ai ravalé ma contrariété. Quand Michèle est tombée enceinte de jumeaux après avoir couché avec trois gars différents lors de sa seule sortie sans escorte, j'ai froncé les sourcils et hurlée des bêtises à mon téléviseur, mais je suis passée outre. Mais, quand cette semaine, on nous a présenté Marie comme la nouvelle tortionnaire de la cour, celle qui contrôle le « stock » et qui n'a plus aucune empathie pour autrui, j'avoue qu'on plonge dans un sensationnalisme particulièrement excessif. Ce n'est pas que la réaction de Marie en est une complètement inconséquente dans les faits; elle vient de perdre ses enfants et sa façon de réagir à ce deuil est inopinée, mais plausible. Ce qui désarçonne c'est l'intensité de la radicalisation.

Avant l'épisode d'aujourd'hui, le personnage de Marie avait tout d'une martyre. Après avoir été violée par son père avec qui elle a eu une fille qui a été élevée par ses parents pour cacher l'indicible, Marie prend le blâme de sa plus jeune fille, qui vient d'assassiner son grand-père, et purge une longue peine en prison. Au moment où elle croit que son supplice est enfin terminé, elle réalise (fantasme ou réalité; la suite nous le dira) que son nouvel époux a abusé de sa fille, puis apprend que cette dernière et son frère sont décédés dans un accident de voiture. En terme de personnages persécutés, on a rarement fait mieux au petit écran que Marie Lamontagne. Et maintenant, en seulement deux épisodes, on l'a transformée en un monstre sans foi ni loi qui manipule les IPL pour de la drogue, intimide ses amis et rejette le reste de sa famille hors des murs. Le portrait est plutôt surprenant et déconcertant.

Heureusement, à mon grand soulagement, on ne s'est pas trop attardé à la « dissociation de la personnalité » de Jeanne qui dit avoir du mal à se rappeler si elle est un homme ou une femme. J'avoue que mon coeur de télévore souhaitait qu'on ne se retrouve pas avec un Jean dans le corps d'une Jeanne pour le reste d'Unité 9. Le bouchon aurait probablement sauté.

Nous avons tous un moment où nous nous sommes dit : « Là Danielle (Trottier, l'auteure), tu pousses! ». Pour certains, c'était lorsque l'infirmière au décolleté plongeant a sorti sa collection de vibrateurs dans les toilettes des dames, pour d'autres, c'était au moment où on a révélé que la mère de Georges avait aussi été une détenue, et pour plusieurs, c'est lorsqu'il y a deux semaines, on a appris que les enfants de Marie étaient morts dans un accident de la route, la laissant sans attache et démunie (puis en phase de devenir un despote).

Mais, il faut être honnête et avouer que les 2 millions de téléspectateurs d'Unité 9 et moi sommes encore là! Malgré tous ces nouveaux revirements impromptus et ces pirouettes narratives abracadabrantes, nous restons fidèles à l'imagination fertile de Danielle Trottier. Il y a quelque chose dans Unité 9 qui dépasse l'agacement de l'excès. Ces personnages de femmes sont attachants et touchants, et on ne peut s'empêcher d'être au rendez-vous toutes les semaines pour suivre leurs aventures, aussi intenses et improbables soient-elles.

Si tu veux faire de Marie un bourreau Danielle, on te suivra. « Danielle, tu pousses! Mais on te restera fidèles! ».