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Éditorial

TIFF 2015 : Le calvaire des paparazzis

TIFF 2015 : Le calvaire des paparazzis

En plus d'être accréditée comme journaliste au Festival du Film de Toronto, j'ai la chance de pouvoir prendre des photos sur les tapis rouges. Je ne suis pas une photographe professionnelle, je n'ai donc pas tout l'équipement nécessaire à ce genre d'évènement, au contraire de bien d'autres, engagés par des agences de presse, de photographies (comme Getty Images) ou de grands périodiques comme le Rolling Stone Magazine, Variety ou The Hollywood Reporter, qui débarquent dans l'espace réservé aux photographes avec assez d'équipement pour s'assurer une bonne image en n'importe quelle circonstance.

Les photographes sont appelés en ordre d'importance. Vous vous doutez donc que Cinoche.com (nous sommes enregistrés sous le nom de notre site affilié) n'est pas le premier sur la liste. Je me retrouve généralement au dernier rang ou - si j'ai de la chance - en cinquième ou sixième rang à partir de la fin. Le nombre de photographes présents sur chacun des tapis dépend de l'importance des artistes annoncés, et de la rentabilité d'une photo de cette personne. Parce qu'il faut dire que la plupart espèrent vendre leurs images par la suite. Par exemple, j'ai appris hier que sur le marché une photo d'Amber Heard, la femme de Johnny Depp, était très payante. Et si, comme c'était le cas samedi, son époux décide d'apparaître à son bras, c'est le jack pot.

Si la star a le regard pointé sur vous, comme c'est le cas sur la photo d'Amber Heard ci-dessous, elle aura d'autant plus de valeur.

Sur Getty Images, une photo prise hier sur les tapis rouges du TIFF coûte environ 500,00 $ pour un affichage d'un mois seulement sur un site comme le nôtre. Évidemment, il y a des agences ou des particuliers qui chargent beaucoup moins cher pour leurs photos, mais vous comprenez peut-être un peu dans quel monde de fauves ces gens baignent.

Bien que cela fasse trois ans que je couvre les tapis rouges du Festival du Film de Toronto, je n'avais jamais vu de photographes se battre pour une place. Vendredi dernier, à deux reprises, sur des tapis différents, des professionnels en sont venus aux poings quand un a (malencontreusement ou volontairement, nous ne le saurons jamais) empiété sur l'espace de l'autre. Je me tenais derrière (bien loin du premier rang, étant appelée la 25e sur 26), légèrement inquiète que tout ça dégénère. Heureusement, la plupart sont sympathiques et collaborent entre eux dans le calme et le respect, mais il ne faut parfois qu'un fruit pourri pour contaminer les autres.

La plupart vivent à Los Angeles ou à New York et ont l'habitude de ce genre d'évènements mondains. Ils connaissent les artistes et savent lesquels sont généreux pour les caméras et lesquels sont les plus chiches. Leurs conseils sont très utiles pour la photographe débutante que je suis. Ce ne sont pas des paparazzis, ils ne s'assoient pas des heures devant les maisons des artistes en espérant qu'ils en sortent échevelés et disgracieux, mais à hurler ainsi pour que des vedettes hollywoodiennes daignent regarder droit dans l'objectif de leur caméra, ils ont l'impression d'en être plus que jamais.

Depuis mon troisième rang et du haut de mes 5 pieds (précisons que je transporte avec moi un escabeau de deux marches qui s'est avéré cette année mon meilleur ami), je m'efforce de prendre les meilleures photos possibles, mais la lumière, l'endroit où se tient le tapis, le nombre de photographes accrédités, leur amabilité, et la qualité basique de mon équipement fait que je n'arrive pas à prendre des images aussi parfaites que je l'aurais voulu, mais je me considère excessivement chanceuse d'être parmi ces gens professionnels et consciencieux qui font tous les jours de leur métier un art.