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Éditorial

Une foule agressive pour les Rollling Stones sur les plaines?

Une foule agressive pour les Rollling Stones sur les plaines?

Pourtant, les Rolling Stones ce n'est pas plutôt associé à l'époque Peace & Love, à l'amour universel et à la pacification globale?

Jamais je n'avais été confrontée à autant d'animosité au sein d'une foule. Je devais prendre des clichés des deux premiers groupes qui sont montés sur scène ce soir sur les plaines d'Abraham, et comme les installations laissaient très peu de liberté aux photographes, j'ai tenté de me jucher sur l'une des plateformes des clôtures qui retiennent la foule (comme je l'ai fait des dizaines de fois pour les performances des artistes précédents), et comme je cachais la vue momentanément à certains rockeurs fébriles, l'un a cru bon de hurler : « Elle nous cache la vue la pute! », et son ami « Prix Nobel » de répondre : « Tire-lui les cheveux, elle va tomber ». Déjà ma soirée s'amorçait dans la joie et l'allégresse.

«
Elle nous cache la vue la pute! 
», et son ami Prix Nobel de répondre : « 
Tire-lui les cheveux, elle va tomber
 ». Déjà ma soirée s'amorçait dans la joie et l'allégresse.

De retour dans la tente de presse, j'apprend qu'une journaliste s'est fait cracher dessus alors qu'elle se tenait, tout bonnement, près des grillages de notre cage (parce qu'il faut dire que, prisonniers de cette « zone média », nous sommes un peu comme des animaux en cage). Je comprends d'une certaine façon que certaines personnes puissent être frustrées que nous ayons ce privilège d'avoir accès à un endroit réservé pour des spectacles aussi importants que celui des Rolling Stones sur les plaines, mais c'est notre métier, pas besoin de nous cracher dessus pour nous faire savoir votre mécontentement.

Une autre brave qui a osé défier la fièvre de la foule pour rejoindre les toilettes, revient, elle aussi, avec une histoire choquante à raconter. Un homme lui a bloqué le chemin et l'a menacé de ne jamais la laisser passer à moins que cette dernière le « frenche ». Heureusement la journaliste en question - qui s'est également fait traiter de pétasse lors du même parcours périlleux vers les toilettes chimiques - avait suffisamment de cran pour tasser l'impoli, mais elle a ramené avec elle une autre preuve de l'agressivité inhérente à cette foule nombreuse.

Des amis qui se sont tenus loin des projecteurs, au fin fond du site, m'ont aussi rapporté que les gens qui occupaient leur section étaient hostiles, et c'est sans compter tous les commentaires Facebook sur le compte du FEQ de gens qui se plaignaient justement de la hargne de leur entourage. On m'a même rapporté qu'une amie d'un ami avait été frappée en plein visage par un festivalier mécontent d'être bousculé... Il y avait définitivement quelque chose dans l'air mercredi soir et je ne suis vraiment pas convaincue d'avoir apprécié ce vent belliciste qui soufflait sur Québec.

La sécurité des Stones

On comprend que les Rolling Stones sont protégés par une horde de gardes du corps, mais le niveau de sécurité près de la scène mercredi était spectaculaire. D'abord, les photographes autorisés à prendre des clichés des deux premières parties du spectacle étaient escortés jusqu'à l'avant de la scène par un membre de l'organisation du FEQ pour ne pas qu'ils entrent en contact avec l'entourage des légendes du rock. Les conditions dans lesquelles ils étaient amenés à travailler étaient particulièrement difficiles considérant le matériel nécessaire à la prestation des Rolling Stones qui occupait presque tout l'espace, en particulier cette immense passerelle, surveillée par une vingtaine d'agents de sécurité, postés à tous les deux mètres.

Évidemment, on ne blâme pas le Festival et son équipe qualifiée qui travaillent toujours très fort pour offrir le meilleur service possible à tout un chacun, mais on s'étonne de toute l'artillerie nécessaire au passage de sommités comme les Rolling Stones.

Conclusion de cette saga : la prochaine fois, j'irai voir Valérie Carpentier au Parc de la Francophonie. Je suis, sans nulle doute, convaincue qu'il n'y a pas eu d'émeutes là-bas.