Un peu plus brouillons que les galas, mais beaucoup plus conviviaux et décontractés, les Comediha Club sont l'occasion de découvrir des talents méconnus du monde de l'humour au Québec et d'apprécier des humoristes populaires dans un contexte moins guidé que les galas où les numéros les plus flamboyants restent (souvent, il y a des exceptions) les plus mémorables.
Pierre Hébert est un humoriste de grand talent - suivi par pas moins de 186 000 personnes sur Facebook (d'ailleurs, s'il y a une personnalité publique que vous devez suivre sur les médias sociaux, c'est Pierre Hébert!) -, un joueur de tours infatigable et un conteur redoutable qu'on a envie de suivre, même dans ses délires les plus fous. Il a été adorable avec les spectateurs du Capitole samedi soir, les interpelant régulièrement, avant, pendant et après la mise en marche des caméras. Ses quelques numéros (dont un exclusif, tiré de son prochain spectacle) ont été efficaces et très bien reçus par les quelque 1 000 personnes rassemblées dans la salle de spectacle rue St-Jean.
La soirée d'humour était divisée en deux parties, qui, ultimement, donneront deux émissions distinctes. Avant d'entrer dans le vif du sujet, l'animateur a fait une entrevue avec Étienne Dano, probablement l'humoriste le plus connu du groupe. Hébert a fait un court récapitulatif de la carrière de Dano, mentionnant entre autres sa vidéo parodique « Les Douchebags » vue par 2,6 millions de personnes sur Youtube. Si vous n'avez jamais vu cette perle québécoise du web, la voici.
Dans la première moitié du spectacle, les humoristes Benoit Lefebvre, Reda Saoui, Joe Guérin, Mathieu Cyr et Étienne Dano se sont succédé sur scène. Bien qu'on sentait l'expérience et l'assurance dans les numéros de Cyr et Dano, Reda Saoui a été la découverte et le coup de coeur de cette première moitié. Très à l'aise sur scène, l'humoriste d'origine algérienne a su conquérir rapidement son public et le plonger dans son univers coloré. La description d'un match de hockey à la manière d'une fille, donc avec une précision d'horloger, par Lefebvre était aussi très amusante et l'absurdité, parfois déconcertante, de Guérin en a charmé plusieurs.
En seconde partie, Guy Bernier est venu parler des salutations perturbantes entre les gens qui pratiquent le même sport et ses expériences de nouveau cycliste, l'humoriste anglophone Mike Patterson (qui porte fièrement la coupe Longueuil tout en assumant sa calvitie) a déridé l'assemblée avec ses anecdotes mais surtout sa manière de prononcer « épouse » : « é-pouce », Marko Métivier a séduit la galerie avec ses histoires de bateau (« Les vagues c'est comme des douchebags, ça vient en gang pour te casser la gueule! ») et, finalement, Sam Breton a complètement cassé la baraque avec un monologue sur sa grande compétitivité dans les jeux, même dans un match de cache-cache avec ses jeunes neveux. Breton interpelait continuellement le public par des locutions du genre : « Québec, suis-moi », « Québec, tu m'écoutes? », « Québec, lâche pas », une façon très divertissante et personnelle de conserver l'attention (fragile à 22h) du public. Sam Breton; un nom qu'il faut retenir.
Le dernier Comediha Club de l'édition 2015 du Comediha Fest en était un fort réussi. Pierre Hébert a mené de mains de maître cette soirée qui a révélé des artistes talentueux qu'on a trop peu la chance de voir dans les médias.
Les Comediha Club seront présentés en 2016 sur les ondes de V et Musique Plus.