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Critique

Gala ComédiHa d'Éric Salvail : Un procès, une chèvre et René Simard

Gala ComédiHa d'Éric Salvail : Un procès, une chèvre et René Simard

La soirée s'est amorcée sur un vox-pop, l'une des marques de commerce de Salvail, dans lequel il interrogeait des spectateurs dans le hall d'entrée avant le spectacle. Une mise en contexte efficace et très sympathique. Il a même désigné un couple chanceux qu'il a upgradé dans des places VIP à deux pouces de la scène. Au fil de la soirée, il ira même leur offrir une fondue chinoise et les services d'esthéticiennes pour une manucure et une pédicure.

L'animateur, accueilli par une foule en délire, a annoncé qu'il avait essayé plusieurs métiers dans le monde du divertissement, mais ne s'était jamais vraiment mouillé au théâtre. Il a donc décidé d'introduire son gala avec sept tableaux dans des styles de théâtre différents, dont l'expérimental et la comédie musicale. Les acteurs Élise Guilbault, Serge Postigo, Léane Labrèche-Dor, le chanteur René Simard et même la troupe de danse DM Nation l'accompagnaient alors sur scène. Un numéro d'ouverture haut en couleur, à l'image de son maître de cérémonie.

Korine Côté, à l'aise et rayonnante, a lancé les festivités avec une anecdote sur l'accord met-vin et l'importance démesurée que certaines personnes y consacrent.

Philippe Bond est ensuite arrivé sur scène en questionnant l'animateur sur le party qui suivra l'évènement le soir même, se plaignant d'avoir manqué celui de l'an dernier et ne voulant pas faire la même erreur cette année. Salvail parvient à s'en débarrasser en lui laissant croire qu'il pouvait s'affairer à trouver une thématique pour la fête et qu'alors elle pourrait possiblement avoir lieu. L'ancien animateur de Allume-moi reviendra à quelques reprises au cours de la soirée avec des idées de thèmes loufoques, apportant même une chèvre (prénommée Chantale) et deux danseuses de french cancan (prénommée Lady et Marianne; le nom d'un bar de danseuses de Québec) sur scène.

Billy Tellier et Mario Jean, déguisés en Yoda et Chewbacca, ont poursuivi le délire en s'affrontant sur les différences entre les jeunes et les vieux, entre leurs deux générations. Éric Salvail a fait irruption dans leur numéro déguisé en Princesse Leya, une intervention stérile, mais ô combien délicieuse!

Salvail a ensuite été appelé à la cour par l'humoriste Pierre Hébert qui l'accusait de prendre trop de place dans le paysage médiatique québécois. José Gaudet est alors débarqué sur scène, costumé en Anne-France Goldwater. Ses immenses seins et sa perruque blonde avaient déjà conquis le public avant qu'il n'ait ouvert la bouche. Le sketch a aussi mis en scène Véronique Cloutier, via une vidéo préenregistrée, et finalement, la vraie Anne-France Goldwater, qui est venue remettre de l'ordre dans ce foutoir juridique.

Olivier Martineau a ensuite séduit le public avec son humour original et ses jeux de mots percutants. Pierre-Bruno Rivard a suivi dans un numéro plus faible sur les sacrifices que nécessite la vie à deux, puis Dominic et Martin, un duo fort apprécié des Québécois de la capitale, n'ont pas su impressionner non plus avec un texte sur le manque de temps généralisé.

Après un monologue de l'animateur de la soirée qui prétendait ne pas être la personne sympathique que les gens croyaient qu'il était, Phil Roy a pris le contrôle du gala. Le jeune humoriste a été définitivement la révélation de la soirée! Il a monté un canular au public, lui laissant croire qu'il avait oublié son texte. Même moi, qui avait vu le pacing et qui savait qu'il s'agissait d'un duo avec Salvail, je l'ai cru pendant un bon moment. Et, au-delà de ce bateau qu'il a monté (et qui lui a permis de démontrer ses talents de comédien), ses quelques lignes d'introduction sur Québec et sa « pyramide » m'ont fait hurler de rire! « Y'a même pas d'énigmes dans votre pyramide! » (À la télé, si vous entendez une fille rire beaucoup trop fort de Phil Roy qui s'épouvante de l'inutilité de la pyramide de Ste-Foy, je m'en excuse...)

Le Français Gad Elmaleh a clos les célébrations avec un numéro sur les multiples coutumes des différentes religions. Avant de laisser aller son public, Salvail et quelques-uns de ses invités ont fait la fête puis se sont réveillés sur une scène sens dessus dessous, et comme dans le film Hangover, les fêtards ont tenté de remettre les pions en place afin de se rappeler les bourdes de la veille. Un sketch d'une efficacité désarmante, à l'image de ce gala mené par le peut-être surexposé, mais certainement talentueux Éric Salvail.