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Critique

Stéphane Rousseau : Un peu princesse, mais irrésistible

Stéphane Rousseau dévoile une oeuvre-choc sur Gilbert Rozon

Stéphane Rousseau et moi, ça remonte à loin. C'est l'histoire d'une préadolescente qui, nerveuse, fait autographier une photo qu'elle place sur les murs de sa chambre. L'image y sera jusqu'à ce qu'elle quitte le nid. Elle aura vu chacun de ses spectacles dans les salles (plusieurs fois), puis en DVD jusqu'à les connaître par coeur.

Quand les attentes sont si grandes, les déceptions sont généralement d'autant plus cuisantes, mais Stéphane Rousseau prouve avec ce nouveau spectacle - qu'il a d'abord présenté au public français avant de l'offrir aux Québécois - qu'il est un véritable showman, un humoriste avec un sens du rythme renversant et un charisme magnétique. Il captive son public dès les premières lignes et ne l'abandonne que lorsqu'un sourire permanent s'est installé sur ses lèvres. Parce que le spectacle de Stéphane Rousseau a cette particularité de transmettre une forme étrange d'allégresse qui reste collée à la peau, même plusieurs heures après avoir quitté l'enceinte.

Accompagné par deux musiciens sur scène (une drummeuse et un claviériste/guitariste), Stéphane Rousseau entre sur scène en disant qu'il a vieilli et qu'il s'affirme maintenant davantage. Donc, plus de personnages, plus de crooner et plus de danses lascives pour émoustiller ces dames (évidemment, toutes des résolutions qu'ils n'arrivent pas à tenir: pour notre plus grand bonheur!).

Rousseau exploite des thématiques qu'il a l'habitude d'aborder : les femmes, le vieillissement, la paternité. L'humoriste s'exprime aussi beaucoup grâce à la musique, qui fait partie intégrante de ses spectacles depuis les années 1990. Il parle de ses musiciens comme de collaborateurs nécessaires afin qu'il se repose et reprenne son souffle. Ces derniers s'avèrent d'ailleurs, blague à part, un liant pertinent entre les différents numéros. Le rythme énergique n'est jamais brisé et l'humoriste arrive à les intégrer dans plusieurs de ses numéros et en faire des personnages secondaires fort à propos. Son claviériste, mi-homme mi-Golden Retriever, et sa drummeuse, qu'il n'invite pas à ses partys de gars, font bonne figure et font rire, par moment, presque autant que le principal intéressé.

Comme Rousseau a passé plusieurs années en France, il compare à quelques reprises les Québécois à leurs cousins européens. Peut-être que le passage sur les Parisiens et les chanteurs français pourra moins toucher certains Québécois, mais comme son efficacité va au-delà de l'appartenance, les rires pleuvent là aussi. Bien que ses textes ont été (magnifiquement d'ailleurs) adaptés pour le public québécois, l'humoriste se permet parfois (gageons qu'elles sont plus instinctives que délibérées) quelques expressions françaises au coeur d'un discours somme toute québécisé.

L'humoriste utilise la scène, il ne fait pas du surplace et n'hésite pas à faire des acrobaties pour décrocher des rires (son interprétation physique d'une danse contemporaine est d'ailleurs un incontournable). Il osera même faire avancer ses musiciens au devant de la scène pour improviser un feu de camp auquel toute l'assistance sera conviée. Un numéro musical plus intimiste qui change du ton du stand-up habituel.